
Le rapport Digital 2019 Madagascar révèle que 2,4 millions de Malgaches (43% de femmes et 57% d’hommes) sont sur Facebook.
L’activisme et l’engagement 2.0 touchent de plus en plus de Malgaches actuellement. Une forme de participation citoyenne qui gagne du terrain dans la vie sociétale. Et cela est dû à la facilité d’accès au réseau social Facebook. Les diverses campagnes de sensibilisation se font facilement et les partages avec. Pas plus tard que jeudi dernier, une publication effectuée par le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et professionnel était à l’origine d’un mouvement de revendication féministe sur le droit des filles et des femmes. Pour la petite histoire, le ministère de l’Education – dans un communiqué qui assez maladroit (peut-être voulu) – a fait savoir : » Mampihena ny filandratsin’ireo lehilahy tia setrasetra ny fitafy tsotra sy maontina entin’ny ankizivavy. Koa adidin’ny ray aman-dreny no manoro sy manitsy ny zanany hanalavitra ny fitafy maneho fihantsiana sy mampitanjaka » (ce qui peut simplement s’expliquer par : le viol a un rapport avec le type de vêtements portés par les filles et les femmes). « Une vision et un discours culpabilisateurs de la femme tout en ôtant totalement la responsabilité de l’homme » dénonce le mouvement de lutte pour la dépénalisation de l’avortement « Nifin’Akanga » dans sa page Facebook. Ledit mouvement a aussitôt lancé une campagne de sensibilisation sur les droits des filles et des femmes, mais il a également dénoncé la vision « réductrice, discriminatoire et qui invite les hommes à ne pas être responsables de leurs actes » du ministère de l’Education que les femmes unies dans la campagne #majupemondroit entendent « éduquer« .
Citoyenneté. La participation et l’engouement des Malgaches pour une initiative citoyenne ne sont pas à leur première apparition. Interrogée sur ce genre d’initiative, Hanitra, étudiante en marketing et communication explique : « Le fait que beaucoup d’hommes et de femmes partagent et participent aux challenges citoyens démontre un intérêt aux initiatives positives. Une envie de participer et de changer la donne. Pour le cas de la campagne #majupemondroit, elle arrive à point nommé . Il est temps que les Malgaches crient, sachent et font comprendre à ceux qui ne le comprennent pas que rien ne justifie la violence faite aux filles et femmes« . Bien que beaucoup d’internautes malgaches se lancent dans la participation citoyenne sur les réseaux sociaux, force est de constater que la fracture numérique est encore assez importante dans la Grande Île. Le rapport « Digital 2019 Madagascar » de noter par exemple que 1,90 million de Malgaches seulement ont accès à internet. Et avec 2,4 millions d’utilisateurs de Facebook, rien ne garantit que les campagnes citoyennes lancées peuvent atteindre la majorité de ce chiffre. L’accès est une chose mais l’utilisation en est une autre. Si certains utilisent les réseaux sociaux pour conscientiser, dénoncer et (s’) informer, d’autres n’y voient qu’un outil de discussion, de papotage et de divertissement.
José Belalahy