« Talent pour mentir, gestion des affaires étatiques, vision, reconstruction sociale, recherche de postes à hautes responsabilités, nomadisme », et la liste est loin d’être exhaustive. En quelques mots concis, ce sont les principales perceptions des 50 syndicats de la CTM-SSM (Confédération des Travailleurs de Madagascar et Solidarité Syndicale de Madagascar) présents à la première journée (hier) de l’atelier de réflexions à l’Hôtel Le Pavé Antaninarenina quand ils ont été interrogés sur ce qu’est la politique. Loin d’enseigner les grandes théories inaccessibles, l’atelier en question – axé sur la thématique « Syndicats et Politique » – qui sera clôturé cet après-midi a été effectué d’une manière interactive et vise à dégager les zones d’ombres autour de la politique. A l’issue de la première journée, force est de reconnaître que les syndicats sont plus que jamais déterminés à s’impliquer voire de participer adéquatement à la politique.
Plus de politisation. Lalao Rasoamananoro, secrétaire générale du Fisemare a mis les points sur les « i ». Pour elle, les syndicats ne se sont pas abstenus de la politique, ils ont dit stop à leur politisation. « L’histoire a toujours fait en sorte que les syndicats soient utilisés à des fins politiques pour certains partis politiques. Les changements de régime n’ont pas connu de succès sans l’inféodation des syndicalistes mais une fois que les politiciens obtiennent ce qu’ils veulent, nous tombons aux oubliettes », a-t-elle dénoncé. Désormais, la donne va changer et « c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons répondu positivement à cet atelier », continue-t-elle. Pour elle, il n’y aura plus de politisation des syndicats mais des syndicats qui réaliseront leur politique qu’est de protéger, en premier lieu, les droits des travailleurs. Ses propos ont été relayés par Barson Rakotomanga, secrétaire général de la CTM/SSM. « Quand les syndicats se mobilisent et revendiquent quelque chose, on dit toujours que la politique est derrière cela. Mais en réalité, ce sont des allégations limitées aux seules intimidations. A partir de cet atelier, la vie syndicale fera peau neuve par rapport à la politique », a-t-il soutenu vivement.
Participer aux élections. Hanta Andrianasy, responsable programme au sein de la fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES) qui a organisé cet atelier a mis plutôt l’accent sur les syndicats et les élections. « C’est (les élections) un moyen garanti par la démocratie permettant aux citoyens et aux syndicats de participer à la politique », a-t-elle affirmé. Estimant que les syndicats pourront être des bons acteurs de la vie politique, Hanta Andrianasy de souligner que « ce sont eux qui devraient enseigner les partis politiques pour ce qui est de la politique ». Elle incite, par ailleurs, les premiers à « trouver dès maintenant l’idéologie politique qui correspond à cette politique des syndicats » (Ndlr : la protection des droits des travailleurs). Notons qu’une résolution y afférente sera adoptée ce jour.
Aina Bovel