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dimanche, juillet 6, 2025
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Pascal Judelewicz – cinéaste d’envergure internationale : « Des histoires qui parlent à tout le monde, cela peut être des histoires très malgaches »

Pascal Judelewicz, la tête pensante d’Acajou film, un homme de cinéma d’Europe et d’ailleurs.

Présent sur le sol malgache pour l’atelier « 7 jours pour 1 film », Pascal Judelewicz, cinéaste producteur reconnu dans le monde, a accordé quelques minutes pour répondre à des questions de cinéma. Celui malgache, avec son état des lieux et ses perspectives. 

Midi Madagasikara : Vous avez émis que les cinéastes malgaches ont une particularité par rapport à ce que vous avez vu dans d’autres pays d’Afrique, pouvez-vous développer ce point de vue ?

Pascal Judelewicz : C’est une vraie découverte. Si vous voulez, je suis très habitué à ce qu’on appelle l’Afrique noire francophone, puisque c’est là qu’on fait nos ateliers. Raison pour laquelle cela a été créé. Au Maghreb, ils n’ont pas besoin de nous. Ils ont des écoles très bien. Chez les anglophones, c’est un peu difficile pour nous parce qu’on n’est pas tous anglophones. On ne parle pas tous assez bien l’anglais pour faire des ateliers au Ghana ou au Nigeria.

Et donc, les terrains de jeu jusqu’à présent ce sont le Burkina, le Sénégal, le Mali, enfin les pays francophones quoi. Il y a une constante demande dans ces pays, car il n’y a pas d’école. Donc, ils ne savent pas bien. Mais la façon d’aborder le travail, la façon de réfléchir au travail, la façon d’imaginer l’espace d’imagination n’est pas la même qu’ici.

MM : Comme vous êtes passé sur tous les continents dans le métier du cinéma, est-ce que vous pouvez donner une comparaison de ce qui se fait dans le monde ?

PJ : Ici, il est différent, il ressemble un peu plus à un mélange de chez nous et peut-être de chez les indiens. Je ne sais pas, enfin, de l’autre côté du monde par là-bas. Je n’arrive pas encore à bien l’analyser. Mais, il me semble qu’il y a une réserve d’imagination ici, de pouvoir du travail, d’envie de travail, d’envie d’aller exporter ses idées, ses rêves. Parce que c’est cela le cinéma, de voyager, de construire ses rêves pour qu’ils soient visibles sur un écran. Et de raconter une histoire.

Particulier. C’est clair. C’est particulier ici. Je n’ai jamais vu cela dans les pays où on a été jusqu’à présent. Et puis, il y a une autre particularité, c’est qu’il y a une langue véhicule. Donc, il y a des programmes à faire dans une langue spécifique. Il y a plein de pays africains où il y a beaucoup de langues. Donc, le véhicule c’est plutôt le français. Pas au Sénégal, parce qu’il y a le Wolof.

Donc, il y a la possibilité ici de pousser l’imaginaire. Dans notre atelier ici, il y avait des femmes qui avaient écrit des scénarios de science-fiction. Il n’y avait pas que des télénovelas, des histoires d’amour et de type qui trompe sa femme. Il n’y en avait quasiment pas. C’étaient toutes des histoires avec des socles psychologiques plus fins, plus organisés. Et donc le travail pour nous était d’autant plus intéressant.

MM : L’actorat semble vous tenir à cœur, pourquoi ?

PJ : Vous savez, le jeu d’acteur c’est plus simple qu’on ne le croit. La meilleure direction d’acteurs c’est : moins, fais-en moins. Moins on en fait, mieux c’est. Donc, trouver des gens qui ne sont pas des acteurs professionnels, mais qui vont jouer le plus naturaliste, le plus simple, le plus droit possible. Cela se trouve dans le monde entier, donc cela se trouve aussi à Madagascar.

Évidemment, c’est mieux d’avoir des acteurs formés à l’expérience. Mais par contre là, les soaps de télévisions et tout cela déforment les acteurs. Parce qu’on pousse tous les sentiments, on crie fort, on pleure, on surjoue. Et on ne dépasse pas la barre de l’international avec le surjeu. Nous, nos acteurs dans le film (Petite Melody), les enfants sont les enfants, c’est autre chose. Mais les deux adultes qui jouent dans le film, on leur a demandé de jouer très fin, très droit. Sans effet particulier, cela marche très bien.

Les acteurs qui jouent dans le film pourraient jouer dans des films français, dans des films suédois, sans problème. Donc, on les a trouvés très vite, on en est ravis. Si on les a trouvés très vite, cela veut dire qu’il y en a d’autres. Il faut juste savoir faire des castings et ne pas demander aux acteurs de surjouer. Cela c’est presque plus facile.

MM : Ce que vous dites va à contre-courant de l’imaginaire populaire qui veut que l’acteur soit la clé de voûte d’un film…

PJ : Parce que si vous voulez, faire la lumière d’un film, cela s’apprend. Faire le son, par exemple le son ici, c’est une catastrophe. Parce que cela s’apprend, il faut des écoles. Il faut apprendre la prise de son, le montage son. Moi j’ai produit des films, il y a cent quarante pistes à mixer. Ici, il y a deux pistes. Il y a la voix et ce qu’il y a autour. Cela ne suffit pas. On reconnait un film africain ou un film malgache au son. Uniquement au son.

Il faut faire des ateliers, idéalement faire une école de cinéma. Ce serait mieux. Je ne sais pas. Cela passe par une volonté politique. Mais au moins des ateliers comme cela. Organiser un atelier technique, un atelier son.

MM : Vous n’avez passé que peu de temps à Madagascar où il y a une « industrie » du cinéma assez dynamique. Cependant, l’aspect technique laisse souvent à désirer et c’est surtout dans les campagnes que cela marche. Est-ce qu’on peut parler de cinéma malgache bon gré mal gré ?

PJ : Dans tous les pays du monde, il y a une espèce de production locale qui est fait pour qu’à travers, les gens reconnaissent leur vie … romancée souvent, mais en tout cas que cela ressemble à leur vie. Il y a une demande partout. Moins en Europe, et plus en…les télénovelas, rien que le nom vient d’Amérique du sud. Mais au Nigéria, ils ont développé toute une industrie en partant de télénovelas.

L’industrie maintenant, elle crée des choses différentes. Des choses plus internationales. Il y a des bons techniciens, des bons comédiens, et donc forcément, il y a un réalisateur qui se dit : je vais faire un film un peu mieux que cela. Et aussi, pour passer la barre du standard international. Ils vont débarquer Netflix ici, ils vont débarquer Amazon ici. Ils arrivent. Ils vont dire : je veux des programmes.

Des programmes un peu plus haut de gamme, avec des normes techniques. Donc, ils vont chercher des producteurs capables de leur proposer des projets. Ils vont aller dans tous les pays du monde, ils vont venir ici aussi. Il faut être prêt. Cela veut dire du boulot, du boulot payé. C’est super intéressant. C’est beaucoup plus intéressant que chez nous. Chez nous, il y a trop de monde pour faire du cinéma et des films.

Ici tout est à faire. Dans cinq ans, il y aura de quoi nourrir trois mille personnes autour du monde de la fabrication des films et des télévisions. Parce qu’il y a une demande.

MM : Donc, pour résumer, un standard international du cinéma c’est quoi ?

PJ : Ce sont deux éléments différents. C’est d’abord un standard technique. Il faut techniquement, le son, un niveau technique image. Que cela ressemble à ce que tous les Malgaches voient à la télé qui viennent des Etats–Unis, de l’Europe etc.. Mais il faut des techniciens formés pour faire cela. Et puis après, il faut des histoires qui parlent à tout le monde.

Cela peut être des histoires très malgaches. Cela peut être issu de la tradition, des esprits…. Mais il faut organiser le scénario comme un scénario qui traverse le monde. Et c’est la construction du scénario, c’est-à-dire, ce n’est pas linéaire un scénario. Il y a des accidents dans le scénario. Il y a des techniques de construction qui font que cela se développe comme une vague.

Et si on adapte ces techniques à une histoire locale par exemple, et qu’on tient un standard technique, on a un film international. Après, le film est bien ou pas bien. Mais au moins, il y a un standard. Et Netflix, quand ils auront un standard, ils le prendront parce qu’il n’y en a pas beaucoup. Pour atteindre le standard, il faut de la formation. Il n’y a aucun autre moyen, cela ne peut pas tomber du ciel.

Recueillis par Maminirina Rado

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