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samedi, juillet 5, 2025
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Patrick Imam du FMI : « Le risque politique s’accroît à l’approche de l’élection »

Patrick Imam, représentant résident du FMI.

Madagascar a montré une bonne performance dans la mise en œuvre de son Programme économique appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) du Fonds monétaire international (FMI). Des risques et incertitudes persistent à la veille des élections de 2018, selon le représentant résident du FMI, Patrick Imam. Interview.

Midi Madagasikara (MM). Quels ont été exactement les sujets abordés durant la réunion du Conseil d’Administration du FMI ?

FMI. Plusieurs sujets ont été examinés par le Conseil d’Administration lors de sa réunion sur Madagascar, notamment les conclusions de la 1re revue du programme soutenu par le programme de Facilité Elargie de Crédit, ainsi que les résultats des discussions menées avec les autorités, lors des consultations au titre de l’Article IV. Tandis que la revue du programme se focalise plutôt sur les problèmes immédiats relatifs à l’exécution du programme, les discussions au titre de l’article IV sont beaucoup plus ouvertes et non restreintes sur des thématiques de développement qui concernent le pays ainsi que les politiques à moyen-terme qu’il pourrait mettre en œuvre. En outre, les membres du conseil ont aussi abordé les sujets relatifs à la fiscalité, la gouvernance et le système financier. En particulier, ils ont souligné l’importance de créer l’espace fiscal nécessaire pour permettre plus d’investissements dans les infrastructures et dans le social. A cet effet, ils ont encouragé les autorités à renforcer davantage les recettes collectées, à rationaliser les dépenses et à réduire les transferts aux entreprises publiques. Ils les ont également encouragés à renforcer davantage les cadres institutionnels et légaux pour la lutte contre la corruption avec plus de résultats concrets dans la mise en œuvre. Et enfin, ils les ont exhortés à mettre en œuvre les recommandations de la mission d’évaluation du secteur financier de manière à développer le système financier, à le rendre plus inclusif et à renforcer sa stabilité.

  1. Quels ont été les résultats ? Pourquoi le décaissement au titre de la deuxième tranche de la FEC a augmenté?

FMI. Comme vous aviez pu le constater à travers notre Communiqué de Presse, la réunion du Conseil a été un succès.  Les conclusions de la 1re revue ont été approuvées, de même que les résultats des consultations au titre de l’Article IV. Madagascar a bénéficié du second décaissement au titre du FEC auquel s’était rajouté le montant de l’augmentation demandée. Ainsi, le montant total de décaissement est porté à 61,5 millions de DTS, soit environ 85 millions de dollars, dont 30,5 millions de dollars au titre de l’augmentation de l’accès aux ressources financières du Fonds. Et ce, dans le but d’atténuer les tensions sur la balance de paiements du pays et qui ont été générées par les catastrophes naturelles auxquelles Madagascar a dû faire face en début d’année.

  1. La mission d’évaluation de mars dernier avait demandé des informations supplémentaires. Qu’en est-il de la suite des discussions ?

FMI. En effet, en dépit des bons résultats obtenus dans la mise en œuvre du programme FEC, tels l’atteinte des objectifs quantitatifs liés au programme, la mise en œuvre des différents repères structurels avec retard pour certains mais également l’existence d’un financement complet pour le budget pour les douze mois à venir, les autorités ont dû faire face à différents chocs exogènes qui ont occasionné de nouveaux défis que les autorités devaient impérativement adresser. Cela inclut notamment la nécessité de trouver les financements nécessaires pour les dépenses d’urgence issus du passage du cyclone ENAWO ou bien les besoins additionnels de transferts de la JIRAMA suite à la sécheresse sévère qui a sévi depuis la fin de l’année dernière et qui a fortement affecté le fonctionnement des barrages hydrauliques de la JIRAMA et donc de l’approvisionnement d’électricité. Mais, également la question du financement des dettes contractées par Air Madagascar dans le passé pour pouvoir avancer dans la conclusion du partenariat stratégique avec Air Austral.

Toutes ces questions de financement n’étaient pas encore réglées au moment de la mission du mois de mars, nous n’avons pas pu conclure et les discussions se sont poursuivies. D’ailleurs, elles se sont déroulées dans le bon sens car depuis les autorités ont pu fournir les assurances de financement nécessaires concernant les trois points mentionnés précédemment. Ce qui a conduit aux résultats qu’ont obtenu les autorités récemment avec l’acquisition de l’accord du conseil sur les conclusions de la 1re revue et le décaissement y afférent. En ce qui concerne les prochaines revues, nous restons assez confiants étant donné que les réformes semblent aller dans le bon sens.

  1. Selon vous, quelles sont les raisons qui ralentissent encore les décaissements des fonds émanant des différents partenaires techniques et financiers de Madagascar ?

FMI. Les décaissements des partenaires sont généralement liés à des conditions spécifiques qui sont différents d’un partenaire à un autre. Et il y a de nombreux facteurs qui peuvent expliquer les fréquences des décaissements ainsi que leurs retards éventuels. Généralement, les décaissements nécessitent une certaine préparation et sont soumis à certaines conditions entre autres la mise en œuvre de certaines réformes ou par l’atteinte de certains objectifs. Si tel n’est pas le cas, les décaissements pourraient se voir retarder par rapport au calendrier initialement prévu. Mais, les retards peuvent s’expliquer éventuellement aussi par la complexité des procédures de décaissement, qui diffère d’un partenaire à un autre.

  1. Quelles perspectives peut-on entrevoir pour les mois et les années à venir ?

FMI. Malgré les différents chocs auxquels a été exposé le pays, les perspectives à moyen terme restent bonnes vu l’énorme potentielle dont le pays dispose dans de nombreux domaines tels que l’agriculture, le secteur minier, les industries textiles, le tourisme et les centres d’appels. Et ce grâce à l’augmentation massive attendue des investissements à la fois publics et privés ainsi qu’à la poursuite des différentes réformes sectorielles déjà entamées, notamment celles destinées à améliorer le climat des affaires. Le taux de croissance est prévu de rester robuste à environ 5-6 % au cours des années à venir. Toujours-est-il que, compte tenu de l’historique du pays, de nombreux facteurs d’incertitudes persistent et risquent de chambouler ces prévisions prometteuses. Cela inclut entre autres, le risque politique qui s’accroit à l’approche de la période de l’élection. Il y a également les différentes catastrophes naturelles qui frappent régulièrement le pays. Et enfin, il y a les facteurs liés à la conjoncture internationale, qui pourraient conduire à une baisse de la demande internationale.

Antsa R.

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