
Le 11 octobre, la colline sacrée d’Ambohimanga Rova a été menacée par un incendie. Depuis des années, ces sinistres frappent les alentours du site sans vraiment alerter les responsables.
Tôt ou tard, le drame arrivera à la colline sacrée d’Ambohimanga, avec ces séries d’incendies ravageant les bois et les flancs de colline alentours. Selon le témoignage d’un habitant de la commune, joint au téléphone, les flammes du 11 octobre ont été assez spectaculaires. « Ces incendies ne datent pas d’il y a quelques jours. Depuis quelques années, des flammes touchent les alentours de la colline abritant le Rova, mais les riverains arrivent toujours à contrecarrer le sinistre. Dimanche dernier, il a touché Ambonin’Ankazomalaza, on a alerté la gendarmerie pour inciter les riverains à porter secours. Heureusement, une averse est tombée pour l’éteindre ».
Pour la plupart des habitants de la commune d’Ambohimanga, ces sinistres seraient le fait de personnes malintentionnées. Un notable connu de la localité s’explique: «Ce n’est pas la première fois que les flammes menacent le Rova. Cela a commencé il y a bien des années. D’ici nous avons vu ce qui est arrivé à Ambohidratrimo en 2015, au mois d’août. De plus en plus de gens d’ici pensent que ces incendies sont criminels, pour le cas d’Ambohimanga. Par qui ? On ne sait pas, les hypothèses sont nombreuses. Il y a quelques mois, encore en hiver, le vent aidant, il y a eu un incendie par le côté sud qui a failli être dramatique. Heureusement, les riverains ont réussi à sauver in extremis la situation ».
Colline politique. Si des soupçons pas encore avérés se tournent vers les fidèles des sectes extrémistes, n’hésitant pas à détruire des patrimoines à cause de leur foi, d’autres y voient des « actes de déstabilisation », comme celui dont a été victime le Palais de la Reine en 1995, d’autres sites qui se trouvent à Antananarivo et des lieux sacrés dans plusieurs régions. Si jamais le Rova d’Ambohimanga partait en fumée, ce serait une grande partie de la mémoire historique d’Analamanga qui serait anéantie. Même si des personnes hyper éclairées veuillent y introduire des jeux de lumière et des écrans sophistiqués, il sera difficile de retrouver l’esprit du lieu, son «adn» d’antan.
Si jamais c’est le cas, l’ancienne aire géographique « Imerina » sera une coquille presque vide, perdant petit à petit son statut de région historique séculaire au profit de l’économie, donc une mutation historique. Une de ses principaux symboles identitaires ne sera ainsi que de l’histoire ancienne. Du temps de la colonisation, le raciste Général Gallieni a déporté les dépouilles des rois et reines ensevelis à Ambohimanga vers Anatirova, Antananarivo. Afin d’anihiler depuis la racine toute ascendance politque royale, encore vivace, et faire disparaitre tout repère culturel. Puisqu’il s’agissait de coup bas politique venant de ce militaire. A cette époque, les français colons ont diabolisé et saccagé plusieurs dizaines de lieux sacrés à travers Madagascar. Marc Ravalomanana, alors président de la République, a ramené ces ossements vers leurs sépultures d’origine, rendant ainsi sa pleine sacralité à cette colline royale. Il faut bien l’admettre, qu’Ambohimanga, au-delà de sa capacité touristique, est un objet politique indéniable jusqu’à maintenant.
Maminirina Rado