
Célébrée demain, Madagascar va participer à la journée mondiale des musées par une installation au parvis du Tahala Rarihasina. Dans un pays où les musées sont presque laissés aux oubliettes et sont sous exploitées. Qui selon certains reflètent encore d’une « tentative pour museler l’histoire du pays, afin qu’une seule version domine ». Il est temps de faire un petit survol de ce secteur scientifique de conservation et de valorisation. Tsiory Randriamanantena, responsable du musée de la Photographie de Madagascar qui participe pour la première fois à la journée internationale des Musées qui est organisée par l’ICOM (conseil international des musées) a répondu à quelques questions.
Comme nous célébrons la journée mondiale des musées demain 17 mai, est-ce que vous pouvez nous dresser une topographie de ce qui se fait en matière de musées à Madagascar ?
Madagascar compte aujourd’hui une dizaine de musées, privés pour la plupart. Malheureusement, ces musées qui doivent tenir un rôle éducateur, ont du mal à développer leurs activités en raison de contraintes financières. Malgré cela, on peut noter au cours de ces deux dernières années l’ouverture de nouveaux musées qui donnent de l’espoir. Je note à titre d’exemple le musée de la Photo à Andohalo, le musée de l’Académie militaire à Antsirabe et le musée des catholiques Andohalo. Il faut aussi noter qu’on a grandement ressenti une demande venant des jeunes, ainsi que des établissements scolaires, en termes de musées.
Est ce qu’il y aurait un regain d’intérêt pour les musées, donc l’histoire, au niveau des musées actuellement ?
Je pense qu’après les différents incendies qui ont ravagé les trésors de notre passé, les Malgaches ont besoin de repères historiques. Les musées jouent justement ce rôle de plateforme de partage d’histoire, de culture et de connaissance. Ainsi, les musées, qui abritent les « vestiges » de l’histoire, constituent une réponse à cette recherche de repères historiques. Les gens, aujourd’hui s’intéressent de plus en plus à la visite de musées. À titre d’exemple, le Musée de la Photo a reçu, juste pour l’année passée, 15 000 visiteurs, dont 80% de Malgaches et 50% de jeunes.
Comment gérer un musée pour que cela génère l’intérêt public ? Qu’est-ce qui intéresse les gens actuellement, l’histoire coloniale, la précoloniale ou l’indépendance ?
Je préfère, pour répondre à cette question me référer au Musée de la Photo. Ce que nous proposons au public demande en amont un grand travail de documentation et de recherche. Pour que les gens puissent s’intéresser au musée, à mon avis, il faut que le contenu proposé soit riche sans être trop lourd. Tout dépend dans ce cas, de la manière dont on présente le vestige. Outre la « grande histoire », les gens sont aussi intéressés par les anecdotes. Il s’agit moins d’une période, je pense, car les Malgaches veulent vraiment apprendre de leur passé. Cependant, le manque de matériel et de personnel qualifié sont souvent les obstacles qui ne permettent pas aux musées de s’épanouir.
En apparence, les musées malgaches sont sous exploités pourtant recèlent de patrimoine inestimable, pourquoi ?
La disparition d’un vestige du passé ne peut être traduite que par la perte d’une partie de l’histoire, mais en même temps, la remise en cause de la fierté nationale. Il y a une urgence aujourd’hui, c’est celle de la préservation de ce qui nous reste de notre passé. L’état de ces vestiges d’après mes propres constats pose une problématique importante. L’État mais aussi tous les citoyens doivent avoir conscience de l’importance de notre patrimoine, qui joue un rôle très important dans la construction de la nation malgache.