
A cause de la deuxième vague de la Covid–19, les parties de la mémoire de Ranavalona III seront mises aux enchères jeudi en Angleterre. Nul ne sait si cette vente se déroulera sur Internet ou dans un lieu défini. A se demander si c’est la pression économico-sociale ou le Brexit qui pousse les Anglais à se débarrasser à coup de 1 500 livres, minimum, des souvenirs d’un autre temps. Une robe et des centaines de patrimoines écrits et visuels seront ainsi mis en vente au plus offrant. Dans ce lot se trouve une effigie de la reine qui, sur son trône ineffable, est devenue une effigie pour packaging de biscuit en Algérie. Sans oublier la photographie de la petite noble de 14 ans, la princesse Razafinandriamanitra, « fortement enceinte d’un soldat français ». Bonjour les plaisirs civilisationnels à la Victor Hugo sur une ado à peine un pied dans la puberté. Il faut savoir, selon les correspondances gardées, que Ranavalona III a été plus une victime non consentante qu’une régente détestant l’insularité. Le « viol » d’une nièce n’est pas un fait anodin même si la puissance coloniale qualifiait d’indigènes les Malgaches. Les archives appartiennent à Clara Herbert, la dame de compagnie qui l’aurait accompagnée jusqu’à son dernier souffle. L’envoi de la dépouille royale à Madagascar en 1938 a coupé définitivement la relation entre cette anglaise, la reine Ranavalona III et sa famille. Jeudi, sa descendante va ainsi mettre aux enchères des souvenirs jalousement gardés durant plus de deux siècles.
Maminirina Rado