
Peu de Malgaches savent qu’il existe dans leur pays, du côté d’Ambanja, un site archéologique datant du Xème siècle. Mahilaka conserve des vestiges du passé. Une conférence-débat a été organisée à l’Institut Tsaratefy Ambanja samedi dernier.
Un évènement qui intéressait les intellectuels de la région Sambirano mais qui n’a pas vu la présence des autorités locales. « Mahilaka, un patrimoine historique à préserver », tel est son intitulé. En étroite collaboration avec vondron’ny tanora ho fanorenana ifotony sy ny famerenana ny soatoavina malagasy, et en partenariat avec le révérend-père Serge Andrianjava du CFM, ainsi que le mouvement Cap emploi, la conférence a été présentée par l’enseignant-Chercheur Georges Radebason. Homme de terrain, cet historien a non seulement fait une analyse historique du site, mais ne cache pas son inquiétude. « Le site est en danger, il est vandalisé », a-t-il signalé.
Situé à quelques kilomètres à l’ouest de la ville d’Ambanja, Mahilaka, un comptoir, est le plus ancien centre et port connu d’après les recherches de Chantal Radimilahy, témoin du passé. Les archéologues avancent une population de plus de 10 000 habitants. Mahilaka témoigne d’importants réseaux commerciaux par les nombreuses céramiques et outils métalliques. Zone de départ pour l’exportation du fer qui est retrouvé aux Comores et sur les côtes Est africaines. Aux mêmes époques les habitants de l’époque ont manié l’acier bien avant ceux du roi Andriamanelo de l’Imerina. Actuellement, Mahilaka a perdu son attrait. Le site est vandalisé, bafoué par les habitants locaux. Transformé en endroit abandonné, le haut lieu de l’histoire de la région Sambirano devient désormais une destination non sûre des familles, l’endroit fait pâle figure. Faut-il redire que la conscience générale permettant d’édicter des règles de la valorisation du patrimoine est le dernier des soucis du gouvernement. Si dans la capitale on entend souvent le mot réhabilitation, les habitants des régions voient leur patrimoine démoli. D’autant plus que les autorités locales n’ont pas le sens de la concertation. Elles négligent l’histoire. Il n’est pas étonnant que celle-ci ne soit pas ancrée dans la mémoire collective de la population. Frappée par la paupérisation, cette dernière prend les pierres du site pour en fabriquer des habitats. Il faut encore beaucoup d’efforts et de volonté politique pour donner au site historique Mahilaka la place qu’il mérite dans l’histoire de Madagascar.
Iss Heridiny