Le roi Toera est complètement de retour sur ses terres après plus d’un siècle durant lequel son crâne et ceux de ses deux militaires, ont été gardés par les Français colons suite au crime contre l’humanité à Ambiky en 1897. Une cérémonie alliant tradition et contemporanéité hier.
Le crâne du roi Toera, relique sacrée, emmené en France à la suite de sa décapitation par les Français colons en 1897 est définitivement retourné sur la terre de ses ancêtres depuis hier. Une cérémonie/procession sobre à Tananarive, martiale et digne d’un grand personnage historique s’est déroulée depuis l’aéroport international d’Ivato jusqu’au mausolée des martyres d’Ambohitsaina. « Ce n’est pas une victoire, c’est tout simplement la mémoire encore vivante d’un vrai indépendantiste, d’un vrai patriote, d’un noble digne de cette qualification. Il n’y a lieu, en aucun cas, de remercier la France », soutient Tamby Raherijaona, étudiant en anthropologie à l’université d’Antananarivo, venu au mausolée hier. La faculté se trouvant à quelques minutes à pied. Le chef de l’Etat, Andry Rajoelina, le Premier ministre, Christian Ntsay et des dizaines de hauts dignitaires politiques et militaires y étaient alors présents. Une cérémonie sobre, sans une once de liesse, martiale avec tous les honneurs militaires. Les trois coffrets contenant les crânes sacrés du roi Toera et deux de ses militaires, ont été chacun enveloppés du drapeau national aux bordures dorées. Transportés dans un véhicule d’apparat militaire, ceux-ci ont reçu tout le long de leur passage, par Tsarasaotra, Ankorondrano, Analakely, Ambohijatovo, les saluts militaires des forces de l’ordre en service. Au niveau d’Analakely, de simples citoyens sont venus accueillir la procession. Rien de spontané ni de surjoué, surtout de la dignité et du respect. « Enfin, un vrai patriote, celui qui a donné sa vie pour ses terres, son royaume et son peuple », laisse échapper Zoly Razafy, une mère de famille, au passage du cortège sur l’avenue de l’Indépendance. Les trois reliques rejoindront ensuite Mitsinjo à Belo-sur-Tsiribihina pour la cérémonie du Tsiritsy, l’introduction dans le sanctuaire funéraire sacré. Une cérémonie prévue se dérouler demain à minuit. Enfin, après un long cheminement lancé par le défunt roi Magloire Kamamy il y a plus de trois décennies, les Malgaches pourront honorer pleinement cet anti-colonialiste de la première heure. Surtout, le groupe humain Sakalava dont ce monarque est issu.
Maminirina Rado
