Manger sain et propre. L’idéal pour le Malgache d’en bas. Mais malheureusement, ceci reste un idéal dans la mesure où, d’une part, manger sain relève déjà de l’exploit vu le coût des aliments dits sains tels les légumes et les fruits, et d’autre part, manger propre n’est pas, hélas, la règle pour tout le monde.
Pauvre et sale
Que dire, en effet, de ces gargotes en bord de rue qui poussent comme des champignons et qui proposent dans des marmites au contenu savamment exposé aux passants, des « vary sy laoka » bien gras ? En y regardant de plus près, on se rend compte que dans ces cocottes en aluminium bien brillants ont été cuits des mets préparés dans une cuvette posée juste à côté, où l’on aperçoit une eau trouble qui a servi à rincer successivement des légumes, de la viande, des couverts ; et enfin, les mains de celui ou celle qui cuisine ! Que dire de ces mères de famille qui préparent à manger, mais qui vont directement toucher les légumes après avoir essuyé les fesses du petit dernier sans passer par la case lavage des mains ; et avec du savon ? « Beurk », diraient ceux qui sont dégoûtés de telles pratiques qui, chez le gargotier comme dans certains foyers, ne sont pas une exception. Mais si on demande aux clients du gargotier s’il apprécie son plat, ils répondent que celui-ci est succulent. Seul bémol : la quantité. Le client plaide pour davantage de « laoka » ou de riz, mais est peu regardant sur l’hygiène. A la question « trouvez-vous que ces aliments sont suffisamment propres pour être consommés ? », la réponse est majoritairement « pas de souci ! », avec une minorité de « on n’a pas le choix, ici c’est moins cher ». Bref, la propreté a manifestement un coût. Celui de l’eau propre de la borne-fontaine, achetée chez un approvisionneur à Ar 500, transport compris, le bidon jaune de 20 l ; celui du savon pour se laver les mains et pour la vaisselle, etc. Trop cher pour le gargotier. Le client, lui, s’accommode de la situation. D’aucuns penseront que l’habitué est sans doute déjà « immunisé » des germes qu’il a dû ingurgiter depuis. Toujours est-il qu’une multitude de maladies se propagent de cette manière. De la tuberculose à l’hépatite en plusieurs lettres, en passant par la gastro-entérite, sans parler des bactéries causant des ulcères d’estomac. Alors, si vendredi dernier, Antsirabe a abrité la célébration de la journée nationale de la promotion de la sécurité sanitaire et de la qualité des denrées alimentaires, jeudi prochain, ce sera au tour de la première journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments. Autant d’occasions pour sensibiliser sur l’hygiène des aliments. Mais est-on, finalement, disposé à se laisser sensibiliser ?
Hanitra R.