
Le mariage précoce existe encore à Madagascar, sous forme d’arrangement sous le sceau de la tradition, mais surtout à cause de la pauvreté qui pèse sur les familles. Son Altesse la Princesse Mahafaly, Elakovelo Etsiosa Zoendreniny a représenté Madagascar au « Dialog With traditional and cultural leaders on children marriage and FGM/C » qui a eu lieu au Malawi.
« A Madagascar, les mariages arrangés sont encore la source des mariages précoces. En malgache, cela s’appelle le ‘lova tsy mifindra’, c’est une pratique qui se retrouve dans plusieurs régions. Mais la cause la plus pointée du doigt reste les mariages financiers. Des familles n’hésitent pas à proposer leur fille mineure en mariage à un richissime homme d’affaires ». Cette phrase de Son Altesse la Princesse Mahafaly, Elakovelo Etsiosa Zoendreniny présidente nationale de la Fédération des Communautés royales traditionnelles de Madagascar résume la situation de certaines jeunes filles à Madagascar, « Dans quelques cas, l’enfant est même déjà attribué dans le ventre de sa mère », ajoute t-elle.
La Princesse Elakovelo Etsiosa Zoendreniny a récemment participé au « Dialog With trditional and cultural leaders on children marriage and FGM/C » qui s’est tenu au Malawi du 29 octobre au 3 novembre. Loin derrière Madagascar, ce pays africain est le plus pointé du doigt par les instances internationales en matière de mariage précoce, bien que toutes les actions visant à atténuer cette pratique soient considérées comme historiques. Ainsi, cette conférence internationale à laquelle la Grande Île avait une forte délégation était un tournant dans l’histoire de ce pays. L’évènement a été initié par l’ONU femme, la fondation Queen Mother Best et le gouvernement malawite. « A Madagascar les chiffres sont moindres heureusement », souffle la dignitaire royale.
Précarité familiale. « La vente d’enfant pour la mariage est interdit par la tradition, c’est fady, tabou. C’est la pauvreté qui a poussé les parents à adopter un tel comportement. Un comportement qui est apparu que récemment, si on peut dire », confie Elakovelo Etsiosa Zoendreniny. Cette conférence à Malawi a abouti à la signature d’un engagement qui stipule entre autres. « Nous nous sommes rassemblés sur cette terre, avons réfléchi ensemble, nous nous sommes mis au défi, nous nous sommes excusés par nos échecs du passé et nous avons réaffirmé notre engagement à mettre fin au mariage des enfants ». Ce document officiel approuvé par tous les pays participants au Dialog With traditional and cultural leaders on children marriage and FGM/C se traduira en plaidoyer sur le territoire de chaque représentant.
Actions de proximité. Sur le terrain, la Princesse Elakovelo Etsiosa Zoendreniny a déjà effectué des actions directes auprès des communautés dans la région Androy et Atsimo Andrefana. Puisqu’il fallait s’attaquer à la racine de ces pratiques. « Nous avons déjà entrepris des plaidoyers auprès des autorités locales et avons pris des mesures. C’était un travail effectué avec le FNUAP. Notre programme s’est orienté sur trois régions : Androy, Vatovavy Fitovinany et Atsimo Andrefana », émet la dignitaire royale. Durant ces deux mois, la princesse et ses collaborateurs ont été parfois confrontés au refus de certains parents. « Ils nous disaient : est ce que vous souhaitez que nos enfants ne fassent rien ou adoptent une vie indécente ? Alors ce serait préférable pour nous qu’elles trouvent un riche pour les ¡aider ». Cependant, les contres arguments utilisés par Elakovelo Etsiosa Zoendreniny commencent à porter leurs fruits. « Nous expliquons aux parents que le métabolisme de leur enfant va être détruit si la petite se trouve enceinte de manière précoce ». A entendre ses propos, la princesse a fait sienne ce combat contre les mariages précoces.
Dans les pays africains, les récentes études ont démontré que plus de 40 % des jeunes filles sont touchées par ce phénomène. Dans un pays comme Madagascar, noyé dans une pauvreté extrême, les recherches présagent que le mariage précoce risque de croitre. La participation de la princesse Elakovelo Etsiosa Zoendreniny dans le processus de lutte contre le mariage précoce est très importante. En effet, les dignitaires royaux sont parfois appelés à bénir ces unions interdites. De fait, si ces derniers commencent à émettre des réserves sur cette pratique cela pourrait l’atténuer. Le combat est encore loin de s’achever. Déjà, la princesse va entamer des actions auprès des autorités administratives, voire les autorités religieuses. Des initiatives qu’elle a déjà menées auparavant, mais qu’elle compte renforcer dans les mois à venir.
Maminirina Rado