

« Soit tu réussis, soit tu meurs », voilà le leitmotiv de Sami Andria, connu dans le milieu du trial et champion d’Afrique dans cette discipline, mais depuis un véritable phénomène alignant performance sur performance. Le dernier en date le 5 juin, a été de faire des figures au bord du lac Tritriva et ensuite, de plonger dans cet ancien cratère volcanique inondé. Le tout a été filmé, les images sont impressionnantes. Le performer en parle le temps d’une interview.
Midi Madagasikara : Dans la mémoire populaire, les légendes locales, la tradition orale et les témoignages de plusieurs vécus, le lac Tritriva recèle un grand mystère. Il est réputé inviolable et que ceux ou celles qui s’y sont aventurés ont tous et toutes perdu la vie. Alors, pour vous, était–ce un défi ?
Premièrement, je veux faire connaître Madagascar dans le monde, à travers ses sites touristiques comme le lac Tritriva, les Tsingy de Bemaraha et bien d’autres. En second lieu, il y a effectivement cette forme de défi, défier le danger…
Midi Madagasikara : Mais il y a de vrais témoignages, pas de simples légendes que des personnes ont vraiment trouvé la mort dans le lac…
Oui, ce lac a déjà tué beaucoup de gens. Alors, l’esprit de défi en faisait partie, j’ai voulu positiver tout cela. Vous savez, la cause récurrente de ces décès est la température de l’eau. Normalement, il est strictement interdit d’y plonger, après les dernières lueurs du jour, puisque la température de l’eau baisse jusqu’à sept degrés. Elle est glacée. A part cela, la cause des autres décès est le suicide. Avec toutes ces légendes et ces rumeurs qui entourent le lac, j’ai voulu un peu défier la mort.
Midi Madagasikara : Donc vous avez plongé à quelle heure ?
On a plongé en plein jour… Notre préparation a duré une semaine, nous avons fait des va-et-vient sur place. Nous nous sommes d’abord entraînés dans un cours d’eau, puisqu’à la fin de la performance je devais plonger dans le lac Tritriva. Alors, j’ai dû m’exercer à faire une figure. Il a fallu s’entraîner pour savoir tomber dans l’eau à une certaine hauteur. Ensuite, nous sommes passés au repérage afin d’identifier les spots pour réaliser la performance. Le tournage a duré trois jours, nous avons dormi dans des tentes au bord du lac.
Midi Madagasikara : Avez-vous eu peur ?
Non, pas peur. En fait, il y a un petit frisson, même en marchant tout simplement sur le bord du lac Tritriva. Mais dès que je me retrouve sur le vélo, tout cela disparaît.
Midi Madagasikara : Est-ce qu’il n’y avait pas une sensation particulière ?
(Rires) Je ne saurai l’expliquer mais ce lac n’est pas normal. Après avoir plongé depuis la falaise avec mon vélo, tandis que je nageais pour rejoindre un point sécurisé, le vélo a été attiré vers le bord. Cela a été un grand mystère pour nous, nous avons pu filmer une partie de cette scène et nous allons la diffuser. Normalement, il est équipé de flotteurs et ne devrait pas trop s’éloigner de moi, même dans l’eau. Quand je me dirigeais à la nage vers des canaux gonflables pour me sécuriser en tirant le vélo. Celui-ci s’est déplacé tout seul en contresens à une vitesse visiblement anormale. Comme si une force l’attirait (Rires). Sur le chemin du retour, nous avons frôlé plusieurs accidents. Nous avons failli tomber dans un ravin, fait une sortie de route…
Midi Madagasikara : Et maintenant, comment vous vous sentez après cette expérience ?
Après, dès que nous sommes rentrés chez nous, nous avons ressenti quelque chose de bien et je suis loin d’être superstitieux. Comme une sorte de purification, je ne sais pas, mais une bonne sensation. Pourtant sur le chemin du retour, nous ne nous sentions pas vraiment bien (Rires).
Midi Madagasikara : Quel sera votre prochaine étape ?
Ce sera le Bourge Khalifa à Dubaï, je vais faire des figures tout en haut de la tour sur le rebord. Après, il y a un projet pour le Tsingy du Bemaraha.
Midi Madagasikara : Donc, tout est dans le goût du risque ?
En vérité, je voulais passer à un stade supérieur. Avant j’étais un simple « rider », mais je voulais encore plus d’adrénaline. C’est pour cela que je suis devenu « charger », avec comme principe : soit tu réussis soit tu meurs.
Recueillis par Maminirina Rado