2,5 milliards de tonnes de nourriture produites chaque année dans le monde, ne sont jamais consommées, et par conséquent, perdues. Le phénomène des pertes et gaspillages alimentaires touche tous les pays et régions du globe. On parle d’une tragédie mondiale. Madagascar ne fait pas exception.
Le gaspillage et les pertes dans le domaine alimentaire représentent entre 30% et 40% au niveau mondial. Ces chiffres, indiqués dans le rapport intitulé « Driven to Waste : The Global impact of Food Loss on Farms » publié en 2021 par le WWF en partenariat avec la chaîne de supermarchés britannique Tesco, montrent la proportion élevée en termes de quantités de nourritures perdues, dont les conséquences économiques et environnementales sont inquiétantes. Le même rapport, évoqué dernièrement dans le Rapport Planète Vivante 2024 de WWF, détaille les faits en indiquant que chaque année, 2,5 milliards de tonnes de nourritures produites ne sont jamais consommées et par conséquent, perdues. Et pourtant, ces aliments perdus ou gaspillés représentent environ 20% des terres agricoles et de l’eau, utilisées pour la production agricole. De plus, selon des données récentes évoquées par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), les pertes et gaspillages alimentaires génèrent 8% à 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre – soit près de cinq fois celles du secteur de l’aviation.
Les pertes alimentaires sont observées essentiellement à l’étape antérieure à la chaîne d’approvisionnement : récolte, abattages des animaux du secteur agricole ; captures des produits halieutiques. Autrement dit, l’acheminement des aliments vers les distributeurs ou les professionnels des métiers de bouche, ou encore vers les consommateurs finaux, n’en fait pas partie.
Filières fruits
A Madagascar, une proportion non négligeable des productions agricoles est perdue. Selon des entreprises sociales luttant contre le gaspillage alimentaire, jusqu’à 70% des productions de certains fruits tels les litchis et les ananas sont perdues pour diverses raisons. Alors que parallèlement, 77,4% de la population malgache est dans une situation de pauvreté, selon les données de la Banque mondiale en 2020.
En l’absence d’infrastructures adaptées, les pertes dans les productions alimentaires, notamment les plus périssables telles les produits frais (lait, viandes, produits halieutiques, légumes frais, etc…) restent élevées. Dans le domaine de la pêche en particulier, le Rapport Planète Vivante 2024 indique que les prises accessoires – autrement dit, les prises accidentelles d’espèces non ciblées – entraînent le rejet à la mer de 9 millions de tonnes de faune et de flores marines mortes. L’équivalent de 10 % des prises totales dans les océans. Des situations non sans impacts, non seulement sur le plan économique, mais également sur la survie des espèces.
Un milliard de repas perdus par jour !
Dans le domaine de la consommation également, les gaspillages alimentaires sont élevés. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), un milliard de repas par jour ont été gaspillés en 2022. Une situation aberrante sachant que 783 millions de personnes étaient touchées par la faim cette même année, et plus de 30% de la population mondiale, dont une partie de la population malgache, étaient concernés par l’insécurité alimentaire. L’indice 2024 sur le gaspillage alimentaire du PNUE met l’accent sur les conséquences du gaspillage alimentaire sur l’économie mondiale, le changement climatique, l’aggravation de la pollution, et le déclin de la biodiversité. Selon ce rapport qui établit l’estimation mondiale la plus précise sur le gaspillage alimentaire au niveau des détaillants et des consommateurs, 60% des aliments gaspillés en 2022, l’ont été au niveau des ménages, 12% dans le commerce de détail et 28% dans les services alimentaires.
Investissements et bonnes pratiques
La lutte contre les pertes et gaspillages alimentaires a des conséquences certaines sur l’économie et l’environnement, mais également sur la santé. Dans les pays encore à la traîne, investir dans des infrastructures de stockage, de préférence, à faible impact environnemental, pourrait faire chuter considérablement les pertes des denrées alimentaires après la récolte. De même, investir dans la transformation constitue une solution durable, économiquement avantageuse, pour réduire les pertes dans les productions alimentaires.
Pour les ménages, l’adoption des bonnes pratiques en matière de consommation alimentaire permettrait de réduire le gaspillage alimentaire. Notons que le coût annuel des pertes et gaspillages alimentaires est estimé à environ 1 000 milliards de dollars.
Hanitra R.