Les championnats du monde de pétanque en triplettes hommes n’auront pas finalement lieu vers la fin du mois d’octobre comme ils ont été initialement prévus.
Dans une lettre adressée à la Fédération internationale en effet, le gouvernement de la Polynésie française estime que les conditions optimales n’étaient pas réunies pour que ce sommet mondial de la pétanque soit organisé à Tahiti en octobre prochain.
Aucun risque. Du coup et après avoir consulté les autorités locales et par ricochet les bulletins de l’OMS, la Polynésie « ne souhaite prendre aucun risque d’exposer sa population compte tenu de l’incertitude qui pèse sur l’évolution de la fièvre épidémique du virus Ebola ».
La Fédération Polynésienne de Pétanque (FPP) s’associe à cette décision du gouvernement et appelle la Fédération Internationale de Pétanque et Jeu Provençal (FIPJP) à soutenir également le principe d’un report en 2015. La décision de la FIPJP conditionne le plan d’actions qui sera mis en œuvre, sachant qu’une annulation n’est souhaitée ni par la FPP ni par la Polynésie.
En clair et compte tenu de l’échéance bien trop courte, c’est presque une certitude que les championnats du monde 2014 s’acheminent vers une annulation pure et simple. En effet, si le souhait du gouvernement de la Polynésie est légitime, il ne tient pas pour autant la route, car en suivant ce raisonnement, c’est toute la planète entière qui va être privée de rendez-vous internationaux. Or ce n’est pas le cas et c’est loin de faire l’unanimité même au sein du petit monde de la pétanque.
Mais qu’on se le dise, le report fait bien les affaires des Français qui ne sont pas au mieux de leur forme comme l’atteste leur défaite devant les boulistes malgaches durant les Masters. Et comme on ne peut rien y faire puisque Tahiti n’en voulait pas, on doit faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Business. Mais les conséquences de ce report ou de l’annulation ne s’arrêtent pas là. Ramenée à l’échelle malgache, cette décision de reporter pour 2015 remet en question le prochain championnat car de toute évidence, il y a peu de chance que les vainqueurs 2014 vont encore pouvoir représenter Madagascar en 2015. On sait très bien que les résultats en pétanque sont fortement liés à la forme du moment des joueurs.
En poussant un peu loin le raisonnement, ce « fâcheux » report ne fera que raviver la grogne d’une frange de boulistes malgaches qui voient d’un très mauvais œil cette manie de la Fédération de faire du sommet national un grand business. « C’est fou mais la Fédération actuelle est devenue une véritable machine à sous », confie un membre du CBT qui rapporte que le droit de participation à la grande finale opposant les 48 qualifiés est de 100 000 ariary par équipe. A supposer qu’une triplette a dû faire en totalité les six étapes qualificatives, elle va donc payer rien que pour les droits 400 000 ariary. Si l’on y ajoute les billets pour s’acheminer sur Tana, l’hébergement et la restauration, on verra bien que cela coûtait une petite fortune pratiquement hors de portée des boulistes moyens. Autrement, une frange importante des joueurs malgaches. La question est alors de savoir si cet appétit boulimique rime toujours avec la vulgarisation tant prônée.
Clément RABARY