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jeudi, août 14, 2025
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Pétrole en amont : Un secteur qui pourrait être déterminant pour l’avenir de  Madagascar 

Cela fait plus de 5 ans que les investisseurs attendent les nouvelles réglementations régissant le pétrole en amont et les mines à Madagascar.

Alors que le débat sur la restitution ou la cogestion des îles malgaches  ou éparses bat son plein, d’autres enjeux économiques et stratégiques méritent tout autant l’attention de nos dirigeants et de la population.

La chanson de Mahaleo sur Bemolanga, aussi vieille de 30 ans soit -elle, décrit encore, hélas la réalité du secteur pétrolier en amont à Madagascar. Les techniciens n’ont de cesse de crier le fort potentiel dont regorge notre île : des institutions étrangères avancent même, entre autres, des dizaines de milliards de barils de pétrole, des centaines de milliards de cubicfeet de gaz naturel et environ 5 milliards de gaz naturel liquéfié, sans compter les réserves de Tsimiroro et de Bemolanga. Aujourd’hui, les professionnels affirment avec amertume que le secteur est à un niveau d’activité historiquement calme. L’histoire nous montre que malgré des résultats d’exploration encourageants, les compagnies choisissent de plier bagage avant la réalisation d’un forage. Cela est principalement dû à un cadre politico-économique incertain, n’encourageant aucunement les prises de risque. Malheureusement sans ces forages, on ne peut confirmer ni infirmer l’existence de nouveaux gisements d’hydrocarbures et notre potentiel reste théorique. Face à cette situation cyclique, l’administration peine à se prononcer sur la politique sectorielle, répondant aux contraintes opérationnelles liées aux ressources d’hydrocarbures, nos voisins Mozambicains travaillent déjà sur des projets gigantesques sur la liquéfaction de gaz naturel. Il faut noter qu’ils possèdent quand même la neuvième réserve mondiale.  Leur modélisation économique estime une croissance annuelle à deux chiffres dès 2023 et une multiplication par 9 de leur économie d’ici à 2035.

Perspectives. Raison de plus pour nous pencher sur ce secteur qui pourrait propulser l’économie malgache  et contribuer à l’atteinte des objectifs du Plan Emergence Madagascar (PEM), si c’est géré selon les principes de bonne gouvernance, sachant pertinemment que les énergies fossiles non renouvelables demeurent les principales sources énergétiques les plus utilisées sur la planète, au moins durant les prochaines décennies. En effet, la plupart des scenarii  de référence définis par différents organismes et sociétés (AIE, EIA, OPEP, BP, Exxon Mobil, etc.) ne prévoient pas d’arrêt de la croissance des productions pétrolières avant fin 2040 et prédisent un intérêt grandissant pour le gaz naturel. Et ce, malgré l’engouement pour l’utilisation des énergies renouvelables. Bien évidemment les dimensions sociales, environnementales et fiscales seront aussi à considérer. Mais nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’attendre trop longtemps, au risque de voir les investisseurs travailler dans les pays voisins qui offrent une meilleure garantie de stabilité légale et politique ; de sécurité des investissements et du respect de l’Etat de droit. En effet, cette année 2019, Madagascar est classé par le World Justice Project (WPJ) parmi les pays à plus faible adhérence à l’Etat de droit avec seulement un score de 0.43, la fourchette de points s’étalant de 0 à 1, avec 1 indiquant une très forte adhérence à l’Etat de droit. Ce qui veut dire que Madagascar est loin d’être un Etat de droit et il reste très difficile pour un individu ou une personne morale d’appliquer les textes en vigueur ou demander leur application.

Indispensable. Comme les énergies renouvelables à elles seules ne suffisent pas pour satisfaire les besoins énergétiques de Madagascar, la redynamisation du secteur pétrolier en  amont est plus qu’indispensable si l’on souhaite parler de développement. Une mort lente du secteur n’écartera pas une crise sociale, puisque des milliers de familles vivent du secteur   hydrocarbures en amont, si l’on ne cite que les   fonctionnaires du Ministère de tutelle, les employés de l’OMNIS, des employés   des compagnies pétrolières et autres employés indirects (consultants, divers fournisseurs de services, etc.). Par ailleurs, Madagascar possède des bassins sédimentaires, qui sont en grande partie sous-explorés, alors qu’ils ont une chance raisonnable de trouver des hydrocarbures productifs. D’autre part, les récentes découvertes de pétrole et de gaz dans les pays d’Afrique de l’Est et dans le canal du Mozambique constituent une nouvelle ruée énergétique pour l’Afrique et ont ainsi rehaussé le potentiel pétrolier et gazier de Madagascar. L’exploration pétrolière et gazière représente une avenue économique attrayante. Mais est-ce que Madagascar est prêt à relever ce challenge ? Qu’est-ce que nos dirigeants attendent pour se pencher sur la santé du secteur pétrolier amont en vue de la relance et la promotion du secteur avec une attitude plus compréhensive de la réalité économique du secteur (moins de dix compagnies pétrolières en activité actuellement) et de la force de persuasion actuelle négligeable de Madagascar due à l’adhérence très faible à l’Etat de droit.

Nécessité. L’année dernière, l’appel d’offre international relatif à la promotion de 44 blocs pétroliers a été annulé in extremis par le gouvernement malgache.  Cela a terni l’image du pays sur le plan international, sans mentionner l’incohérence des différents textes de lois, l’instabilité légale et réglementaire couplée avec une forme d’instabilité politique et institutionnelle.  Bref, la préoccupation immédiate est tout sauf d’augmenter encore plus les coûts d’investissement et d’opération des projets pétroliers en amont, en plus des risques inhérents relatifs à l’incertitude d’une découverte commerciale. Il est particulièrement judicieux de comprendre que Madagascar est en compétition avec des centaines de pays qui peuvent disposer de régime fiscal  avantageux, de potentialités pétrolières avérées et des infrastructures existantes. Certes, il est grand temps de mettre de l’ordre dans ce secteur pétrolier en amont avant qu’il ne disparaisse à jamais et pour que ces ressources puissent être mises à profit pour les générations futures.

Antsa R.

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