La conférence de haut niveau sur le dividende démographique a été une occasion pour rappeler les mécanismes qui lui sont relatifs.
« Le dividende démographique est une arme efficace pour lutter contre la pauvreté dans la mesure où une croissance démographique non planifiée constitue un réel handicap au développement du pays ». Propos de Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l’Economie et des Finances qui soutient l’importance pour le pays d’attribuer une attention particulière à sa ressource humaine. Propos émis lors de la conférence de haut niveau sur le dividende démographique à Madagascar du lundi 20 juin dernier à Ambodivona et qui renvoient à la projection faite par l’Institut National des Statistiques ou Instat sur un éventuel doublement du nombre de la population malgache à l’horizon 2050. Quel type de population, quel genre de Malgaches, quelle pyramide des âges aurons-nous dans les années à venir ? Des questions légitimes qui méritent mûres réflexions et dont les réponses sont de la responsabilité de tout citoyen et de tout acteur. Pour l’heure, le PIB (Produit Intérieur Brut) par habitant est de 442 USD contre 3 781 USD pour la Tunisie et 6 198 USD pour la Thaïlande si l’on s’en tient au document « Perspective Monde » du 3 mai 2022 publié par la Banque mondiale. La structure actuelle de la population malgache démontre également une « catégorie inactive et dépendante supérieure en nombre par rapport à celle active ». La conférence de haut niveau sur le dividende démographique fait partie de ces initiatives qui entendent apporter des solutions afin de permettre un développement économique via la première ressource dont dispose un pays, sa population. Se définissant comme « une croissance économique accélérée, obtenue entre autres, après des changements dans la structure par âge de la population », le dividende démographique est un « must have » pour le pays dont la majorité de la population est classée jeune.
Axes. Un tel objectif pourrait être atteint uniquement si le pays investit dans son capital humain. Un investissement qui devrait se manifester par « une croissance économique tirée par la transition démographique marquée par une hausse du nombre de la population active, accompagnée des investissements stratégiques dans les secteurs essentiels ». Impliquer le gouvernement, via les ministères clés dans cette démarche, était l’un des objectifs de l’événement de lundi dernier. Un pari en partie gagné, étant donné que les ministères présents à Ambodivona ce jour-là se sont engagés à investir dans les quatre piliers du dividende démographique. À savoir : « la santé à travers la planification familiale, l’éducation et le développement des compétences, l’emploi et l’entrepreneuriat, et enfin la gouvernance. L’objectif est d’amorcer et de poursuivre un déclin de la fécondité, d’améliorer l’éducation et la formation professionnalisante pour un capital humain qualifié et efficace, et finalement d’instaurer un environnement favorable à l’économie », a-t-on spécifié durant la conférence.
Projection. Investir à l’heure actuelle sur la population présenterait pour Madagascar de réelles opportunités afin d’activer sa transition démographique. Les scenarii effectués par le ministère de l’Economie et des Finances sur l’évolution du PIB par habitant font savoir que si l’on investit seulement dans l’économie du pays, le PIB par habitant sera de 6 521 USD en 2058. En combinant les investissements sur l’économie, l’éducation, la santé et la bonne gouvernance, ce PIB par habitant pourrait passer à 8 455 USD. Par contre, si l’on reste dans le contexte actuel, ce PIB par habitant serait de 656 USD en 2058. Il en est de même pour le rang de la Grande île en matière d’Indice du développement humain. Actuellement au 151e rang sur 180 pays, Madagascar pourrait se placer à la 37e place en faisant un combo d’investissement dans le domaine de l’éducation, la santé, l’économie et la gouvernance. L’Indice du capital humain irait ainsi de 0,39 à 0,60 en 2040. En changeant la structure de la population, Madagascar pourrait ainsi espérer voir un réel développement. Comme l’a noté Tobias Glucksmann, chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis : « le Dividende Démographique contribue non seulement au développement d’un pays, mais également au bien-être de ses familles et de ses communautés ».
José Belalahy