
La formation du gouvernement dirigé par un Premier ministre de consensus n’a pas permis de retrouver la stabilité.
Les cours ont été suspendus hier à l’Université d’Antananarivo dès l’arrivée de la délégation du « Mouvement Pour le Changement » (MPC) qui a rameuté les étudiants à sa cause. Des incidents se sont produits et ont abouti à l’interpellation de plusieurs étudiants qui ont été finalement relâchés hier même. Ce qui n’a pas empêché la délégation du MPC de poursuivre son chemin qui l’a conduit au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à Tsimbazaza. L’accès à l’intérieur de ce ministère dirigé par une personnalité HVM depuis l’accession de Hery Rajaonarimampianina au pouvoir a été interdit par des éléments de l’Emmo-Reg. Mais finalement et après une rude négociation avec les forces de l’ordre, le député de Soanierana Ivongo Tody Arnaud et ses partisans ont pu y accéder. La ministre Rasoazananera Marie Monique était pourtant absente de son bureau. Sur la Place du 13 mai, les députés Mapar ont lancé une ferme mise en garde à l’endroit du Premier ministre Ntsay Christian qui a été issu de cette formation politique d’Andry Rajoelina. Cette mise en garde demande au chef du gouvernement de cesser tout usage de force à l’encontre des manifestants, comme ce qui s’est passé hier à Ankatso et à Tsimbazaza.
Jeter l’éponge ou tenir tête. Aujourd’hui, le « Mouvement pour le Changement » va franchir une autre importante étape qui consiste à organiser un « diabe » vers le Palais de Mahazoarivo pour demander au Premier ministre de limoger les ministres issus du parti au pouvoir. Une question y afférente a été posée hier par les journalistes au chef du gouvernement, mais celui-ci a été évasif dans sa réponse. Pour la Place du 13 mai, aucune personnalité issue du HVM ne doit siéger au sein du gouvernement si l’on se réfère à l’Arrêt n°11-CES/AR.14 du 06 février 2014 portant proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives de la 4e République, spécifié par la HCC dans sa décision n°18-HCC/D3. Quelle réponse le Premier ministre va-t-il donc donner au « Mouvement pour le Changement » ? Pour bon nombre d’observateurs, Ntsay Christian n’aura que deux options : soit, il jette l’éponge lorsqu’il ne peut plus résister aux pressions, soit il tient tête jusqu’au bout. En tout cas, on craint des « sakoroka » ce jour à Mahazoarivo. Ntsay Christian va-t-il opter pour le dialogue en se pliant aux revendications de la Place du 13 mai, ou va-t-il recourir à la force, lui qui dispose de toutes les forces chargées de la police, du maintien de l’ordre, de la sécurité intérieure et de la défense (Article 65 de la Constitution), pour disperser les marcheurs ?
R. Eugène