
Les manifestants font monter la pression en envisageant à partir de ce jour de fermer les ministères attribués au HVM.
Pendant que les passations de service entre les ministres entrant et les ministres sortants se poursuivent, le « Mouvement populaire pour le changement » accentue la pression sur la Place du 13 Mai. Ce mouvement ne cesse de durcir le ton depuis la mise en place du gouvernement de Ntsay Christian, et draine de plus en plus de foule. Hier, les élus pour le changement dirigés par Me Hanitra Razafimanantsoa et le sénateur Lylison René de Rolland étaient massivement venus sur la Place du 13 Mai. Pourtant, leurs collègues devenus ministres n’ont pas répondu présent, malgré une invitation lancée en leur endroit avant-hier. Aujourd’hui, les opposants passent à l’action. Ils vont mener une opération qui consiste à fermer les ministères dirigés par les personnalités issues du HVM. Ce matin, les militants de la Place du 13 Mai se donnent rendez-vous à Ankatso où ils vont rassembler les étudiants avant de descendre dans la rue en direction de ces départements ministériels attribués aux partis au pouvoir.
Démission. Dans un premier temps, l’objectif est de bloquer la machine administrative au sein des ministères dont la gestion est confiée aux ministres HVM. En même temps, les élus (députés et sénateurs) et les manifestants revendiquent la démission du Premier ministre de consensus Ntsay Christian. « Ce Premier ministre est considéré comme étant issu du mouvement populaire initié par les ‘73 députés pour le changement’. Donc, s’il y a quelque chose qui ne marche pas, c’est lui qui doit démissionner en premier. », a déclaré hier sur la Place du 13 Mai le député Hanitra Razafimanantsoa. Elle a également lancé un appel à ses collègues nommés ministres à déposer leur démission après celle du Premier ministre. Les syndicats ont été massivement représentés hier sur la Place du 13 Mai. Les syndicalistes se sont déclarés prêts à aller jusqu’au bout. Au niveau des six arrondissements de la Capitale, le président du Conseil municipal d’Antananarivo, le Colonel Faustin Andriambahoaka, a annoncé une forte mobilisation à partir de ce jour. « Le combat continue. La participation des tananariviens y est déterminante. », a-t-il affirmé.
Crise de légitimité. Malgré le fait que le « gouvernement de consensus » dirigé par un Premier ministre de consensus est déjà mis en place, une crise politique persiste. Et c’est une crise de légitimité qui se matérialise par le rejet par la population d’un gouvernement dont la composition est fortement critiquée par l’opinion publique. Autrement dit, la formation du gouvernement de Ntsay Christian n’a pas décrispé les tensions politiques et sociales dans le pays. La décision n°18 de la HCC a compliqué la situation. La question est de savoir jusqu’où irait le « Mouvement populaire pour le changement » en menant à partir de ce jour une opération de fermeture des ministères dirigés par les personnalités issues du HVM. Le retour à la case départ (situation avant la nomination de Ntsay Christian) ne serait pas à exclure.
R. Eugène