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vendredi, décembre 27, 2024
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Planche à billet : « Le Président doit se méfier des mauvais conseils » selon Randy Donny

Randy Donny, Rapporteur général du HCDDED

Planche à billet, cessation de paiement, inflation… Randy Donny, Rapporteur Général du Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l’Etat de droit (HCDDED), apporte son éclairage personnel. Entretien. 

Midi Madagasikara : La Haute Cour Constitutionnelle a récemment rejeté une requête déposée par le Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l’Etat de droit. Jusqu’ici, ce dernier n’a émis aucune réaction. Pourquoi ? 

Randy Donny : Le HCDDED n’a pas réagi à cette décision car selon l’article 20 de la loi n°2015-001, il « ne peut remettre en cause le bien-fondé d’une décision de justice ». Ceci dit, nous connaissions déjà l’issue de la requête car on n’a pas cessé de nous questionner, apparemment pour chercher un vice de forme. 

M.M: Quelles peuvent être les conséquences d'une telle décision, aussi bien sur le plan politique qu'économique ? 

R.D: Encore une fois, on ne peut commenter une décision de justice. Le HCDDED a laissé l'opinion publique  juger. Et manifestement, celle-ci était plutôt critique, pour ne pas dire réprobatrice. Vous savez, la relation qui unit les dirigeants avec les électeurs est basée sur la confiance, laquelle dépend des actes des gouvernants. Si cette confiance est rompue, la relation devient compliquée. Tous les financiers vous diront, par exemple, que la confiance en l'institution étatique dépend de la confiance en la monnaie. La multiplication des vindictes populaires est déjà illustrative de la perte de confiance de la population envers les institutions étatiques. 

M.M : À propos de monnaie, on a beaucoup parlé d'une tentative  de recourir à la planche à billet. Qu'en pensez-vous ? 

R.D : C'était juste une rumeur. Mais au cas où elle serait fondée, j'aimerais juste dire à l'entourage du président de la République d'arrêter de lui donner de mauvais conseils. On parle aussi beaucoup d'une éventuelle cessation de paiement. Cela veut dire que l'on sait dépenser, mais que l'on est incapable de faire rentrer de l'argent. Il y a trop de personnages qui sont juste contents de faire fortune sur le dos du Président sans se soucier de l'avenir de Madagascar. Il y a beaucoup de gens que le Président ne connaît que depuis peu, qui n'ont pas de base électorale et qui l'enferment dans une tour d'ivoire. Ce sont pourtant ceux qui, à la première occasion, quitteront le navire. 

M.M : Est-ce que vous partagez l'opinion des gens qui disent que Madagascar traverse une crise, surtout économique ?

R.D: C'est le Président lui-même qui l'a dit dans sa dernière sortie télévisée, non ? Il suffit de voir l'inflation, matérialisée par la hausse aussi soudaine que vertigineuse du prix du riz ! Ma crainte est que cela ait des impacts sur la politique. En effet, en situation de crise, on assiste souvent à l'avènement de personnalités louches et à la destruction de la démocratie. Il en était ainsi de Hitler qui prônait la haine et la division, mais qui a réussi à prendre le pouvoir d'une manière légale. 

M.M : Pour finir, comment voyez-vous Madagascar en 2023 ? 

R.D : Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure, mais cela s'annonce mal. 2023 est une année électorale. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on. Le Président ira-t-il jusqu'au bout avec la même équipe ? Il a déjà placé ses pions pour gagner, même à la Pyrrhus. Mais cela enlèvera beaucoup de saveur à la victoire. Sinon, il peut toujours confier les rênes à un gouvernement intérimaire chargé du bon déroulement de l'élection. Mais dans ce cas, il sera obligé de lâcher du lest. Un dilemme cornélien. En attendant, il faut assurer la croissance économique en encourageant la consommation et l'investissement. Malheureusement, le contexte inflationniste n'y est pas propice. C'est, entre autres,  le sujet de mon dernier livre, "Teorian'ny tandrimo" (la théorie de la toupie) sorti en octobre dernier. 

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M.M: Quelles peuvent être les conséquences d'une telle décision, aussi bien sur le plan politique qu'économique ? 

R.D: Encore une fois, on ne peut commenter une décision de justice. Le HCDDED a laissé l'opinion publique  juger. Et manifestement, celle-ci était plutôt critique, pour ne pas dire réprobatrice. Vous savez, la relation qui unit les dirigeants avec les électeurs est basée sur la confiance, laquelle dépend des actes des gouvernants. Si cette confiance est rompue, la relation devient compliquée. Tous les financiers vous diront, par exemple, que la confiance en l'institution étatique dépend de la confiance en la monnaie. La multiplication des vindictes populaires est déjà illustrative de la perte de confiance de la population envers les institutions étatiques. 

M.M : À propos de monnaie, on a beaucoup parlé d'une tentative  de recourir à la planche à billet. Qu'en pensez-vous ? 

R.D : C'était juste une rumeur. Mais au cas où elle serait fondée, j'aimerais juste dire à l'entourage du président de la République d'arrêter de lui donner de mauvais conseils. On parle aussi beaucoup d'une éventuelle cessation de paiement. Cela veut dire que l'on sait dépenser, mais que l'on est incapable de faire rentrer de l'argent. Il y a trop de personnages qui sont juste contents de faire fortune sur le dos du Président sans se soucier de l'avenir de Madagascar. Il y a beaucoup de gens que le Président ne connaît que depuis peu, qui n'ont pas de base électorale et qui l'enferment dans une tour d'ivoire. Ce sont pourtant ceux qui, à la première occasion, quitteront le navire. 

M.M : Est-ce que vous partagez l'opinion des gens qui disent que Madagascar traverse une crise, surtout économique ?

R.D: C'est le Président lui-même qui l'a dit dans sa dernière sortie télévisée, non ? Il suffit de voir l'inflation, matérialisée par la hausse aussi soudaine que vertigineuse du prix du riz ! Ma crainte est que cela ait des impacts sur la politique. En effet, en situation de crise, on assiste souvent à l'avènement de personnalités louches et à la destruction de la démocratie. Il en était ainsi de Hitler qui prônait la haine et la division, mais qui a réussi à prendre le pouvoir d'une manière légale. 

M.M : Pour finir, comment voyez-vous Madagascar en 2023 ? 

R.D : Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure, mais cela s'annonce mal. 2023 est une année électorale. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on. Le Président ira-t-il jusqu'au bout avec la même équipe ? Il a déjà placé ses pions pour gagner, même à la Pyrrhus. Mais cela enlèvera beaucoup de saveur à la victoire. Sinon, il peut toujours confier les rênes à un gouvernement intérimaire chargé du bon déroulement de l'élection. Mais dans ce cas, il sera obligé de lâcher du lest. Un dilemme cornélien. En attendant, il faut assurer la croissance économique en encourageant la consommation et l'investissement. Malheureusement, le contexte inflationniste n'y est pas propice. C'est, entre autres,  le sujet de mon dernier livre, "Teorian'ny tandrimo" (la théorie de la toupie) sorti en octobre dernier. 

Propos recueillis par R.Edmond

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