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dimanche, novembre 24, 2024
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Plume de P : 24H

Si vous avez en horreur la monotonie, bienvenue à Antananarivo !

23H00- Enfin, l’électricité est de retour et l’eau coule à nouveau. Je remplis d’eau bidons et seaux, mets en charge mes appareils, puis me douche en quatrième vitesse.

00H00- Fichtre, coupure d’électricité ! A la lueur d’une bougie, je vérifie si portes et fenêtres sont bien fermées. On n’est jamais trop prudent, l’insécurité sévit. Je me mets au lit et tombe rapidement dans les bras de Morphée.

05H00- Le réveil ébranle le silence. Pas le temps de rêvasser, debout ! Premier geste, le doigt sur l’interrupteur… Que dalle ! Mon smartphone a-t-il fait le plein ? Charge à 100%, ouf ! 

Se lever à la lueur d’une bougie ? Pas question ! J’allume ma lampe solaire, c’est plus tonique ! Hâte que l’hiver passe pour profiter de la lumière du jour aux aurores.

Je puise de l’eau dans mes réserves et en réchauffe pour préparer mon café, mais aussi pour tiédir l’eau de ma toilette matinale. 

En attendant que l’eau bouille, j’aère mon lit, puis choisis ma tenue du jour. Pas d’électricité, pas de repassage donc pas de tralala !

Je prépare mon café. Hmmm, il exhale une odeur réconfortante dans toute la chambrette, un coup de fouet incontournable pour démarrer la journée sous les meilleurs auspices. 

Là, c’est mon quart d’heure intime… sans commentaires !

Me voici propre et légère. Une petite crème sur le visage pour hydrater ma peau et hop, j’enfile un jean + un t-shirt + un gros pull + mes chaussettes et chausse mes baskets. Prête à affronter le brouhaha de la ville.

06H00- Je chevauche mon scoot. Oups, il faut que je passe à la pompe. Le ciel s’éclaircit et avec se rétablit l’électricité.

Je fais le plein. Au moment de payer, pas de réseau ! J’attends, je n’ai pas de cash sur moi. 10 minutes après, enfin le paiement a pu se faire !

07H00- Je suis encore en plein dans les embouteillages. L’état de la chaussée m’enrage. Je me fraye un passage tant bien que mal entre les voitures ; les bus ; les bicyclettes ; les motos ; les charrettes ; les kalesy ; les piétons, bœufs et autres animaux qui envahissent la chaussée et qui risquent de m’emboutir à tout instant. 

08H00- Après mille frayeurs, me voici arrivée à bon port. Je gare mon scoot. 

Aie, la mine taciturne de mon employeuse ne me dit rien qui vaille.  J’ai vu juste, ni eau, ni électricité ! On refuse les clients. Deux habituées n’acceptent pas de partir. En attendant l’hypothétique retour de la JIRAMA, on refait le monde autour d’un soda orange.

11H00-Hourra, de l’électricité et un peu d’eau ! On prend en main les deux clientes qui ont patientées.

13H30- Beau travail ! Nos fidèles clientes sont bien coiffées, elles repartent ravies.

J’ai la dalle. Je cours prendre un sandwich à l’épicerie du coin. De retour, je m’installe à l’écart pour dévorer mon encas même si c’est avec une petite appréhension. Avec les délestages, la chaine du froid n’est plus respectée : bonjour les intoxications ! 

14H00- C’est reparti, encore un peu d’eau, mais plus d’électricité. On en profite pour remplir les bidons jaunes, faire le ménage et laver les serviettes. 

15H00- Calme plat. Je suis inquiète, notre employeuse pourra-t-elle nous payer à la fin du mois ?

16H30-Encore une journée perdue. Jusqu’à quand tiendra-t-on ? Je monte sur mon scoot et file. Même rengaine sur la route, le danger est omniprésent. Je m’arrête pour faire quelques courses. La flambée des prix alimentaires ne me permet pas d’extras. Je me limite à l’essentiel. Je rentre chez moi un peu démoralisée !

18H-Il y a de la lumière, mais pas une goutte d’eau. Cela me remonte malgré tout le moral. Rentrer chez soi dans le noir, c’est flippant ! J’engouffre mon scoot dans la pièce pour ne pas me le faire voler. Mis contre la porte, il la bloque pour me sécuriser. 

Je charge mon smartphone. Heureusement, il me reste encore un peu d’eau. 

Je mets à cuire mon dîner. Je fais ma lessive, puis le ménage.

19H- Je passe à table et lave la vaisselle. 

Je vérifie le niveau de batterie de mon smartphone ainsi que l’eau qu’il me reste. 

Je m’installe dans un fauteuil et plonge dans un livre.

20H00 –ça y est, début du délestage et toujours robinet à sec. J’allume une bougie. Je communique avec mes amis via les réseaux sociaux. 

Je regarde une série sur youtube pour ne pas m’endormir.

23H00 – Retour de l’eau et l’électricité. Et la vie continue au rythme d’un TGV.

Fiction réaliste de 24h à Antananarivo en 2023.

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