La classe politique bouge. L’opposition sera maintenant plus distincte qu’auparavant. Les opposants au régime Rajaonarimampianina regroupés sous une charte qui les rassemble n’entretiendront plus le flou sur leur existence. Sans pour autant prétendre réunir l’ensemble de l’opposition, ils ont officialisé leur rassemblement et leur mobilisation par la signature de la charte. La question qui se pose reste néanmoins son poids politique dans le rapport de force politique national. Comme la plupart des partis et ses membres n’ont pas participé aux élections législatives, son poids n’est pas évident. Il n’empêche que cette opposition se veut constructive et démocrate pour transmettre les attentes à la population et changer les pratiques politiques.
Le poids de l’opposition
La Constitution de la quatrième république garantit le droit d’opposition démocratique. Cette opposition doit cependant être dirigée par un chef de l’opposition officielle qui siège de droit à l’Assemblée nationale. Même s’il n’est pas député, il bénéficie d’office du statut et a rang de Vice –président de l’Assemblée nationale. A ce titre, il dispose d’un cabinet comprenant un Directeur de cabinet, quatre conseillers et un Secrétaire particulier d’après la loi sur l’opposition prise en 2011. Il assumera son rôle de contre-pouvoir en émettant des critiques objectives, et en offrant aux citoyens une alternative à la politique définie et appliquée par le décideur politique en exercice. Les membres de l’opposition doivent être représentés dans les diverses commissions instituées au sein de l’Assemblée Nationale, et y président au moins une commission selon cette loi. L’opposition qui vient de se regrouper par la signature de ses membres autour d’une charte brigue-t-elle cette place à l’assemblée nationale ? La volonté à cette fin n’est pas véritablement exprimée. En revanche, des opposants qui ne sont pas liés par cette charte visent le poste de chef de l’opposition à l’Assemblée. Ils sont aussi clairs dans leurs objectifs de contre pouvoir légal. Mais comme les autres, quel est leur poids politique sur l’échiquier ? Quoi qu’il en soit, cette bataille de représentation légale de l’opposition n’est pas prête de prendre fin. La vraie opposition qui convainc le public a encore du chemin à faire pour obtenir la confiance de la population. En effet, lors des élections présidentielles de l’année dernière, l’opposition était distincte et claire pour la conquête de la magistrature suprême. Mais devant les résultats, elle a viré de bord et changé le fusil d’épaule pour soutenir l’avènement du nouveau régime au pouvoir. Celle –ci participe au gouvernement. Ceux qui se réclament aujourd’hui de l’opposition n’ont pas obtenu les 47% de voix données à cette époque à l’adversaire de Hery Rajaonarimampianina dans la compétition. Que représentent-ils pour prétendre au poste de chef de l’opposition légal ? la crédibilité de l’opposition en dépend. Wait and see !
Zo Rakotoseheno
