Police municipale : Pas seulement la circulation !

La scène s’est passée le dimanche 1^er mars 2015 vers 8h 10 au niveau du temple FJKM d’Ambatoroka où un élément de la Police municipale en tenue et coiffé d’une casquette en guise de casque, a poursuivi en scooter un  taxi.

 « Ajanony ny fiaran’ialahy », a-t-il sommé sur un ton péremptoire au chauffeur de la 4 L. Lequel a fait remarquer, tel que l’indiquent du reste ses feux de détresse, qu’il transporte d’urgence un malade en montrant la banquette arrière où une personne mal en point était effectivement soutenue par un autre passager. Ceux qui ont assisté à cette interpellation se demandaient s’il avait le droit de tutoyer le conducteur, fut-il un taximan. Et ce, sans remettre en cause le pouvoir de l’agent qui « ne faisait que son travail » au nom de la CUA dont le PDS qui exerce la plénitude des fonctions du maire, a effectivement la police des routes à l’intérieur des agglomérations, notamment en qui concerne la circulation sur lesdites voies.

Mission. Les lois sur les collectivités territoriales décentralisées disposent également que « la police municipale a pour mission, d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique. Elle comprend notamment :

1. Tout ce qui intéresse la sûreté et la commodité du passage dans les rues, quais, places et voies publiques, ce qui comprend le nettoiement, l’éclairage, l’enlèvement des encombrements, la démolition ou la réparation des édifices menaçant ruine, l’interdiction de ne rien exposer aux fenêtres ou autres parties des édifices qui puissent nuire par leur chute ou celle de ne rien jeter qui puisse endommager les passants ou causer des exhalaisons nuisibles.
2. Le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique telles que les rixes et disputes accompagnées d’ameutement dans les rues, le tumulte excité dans les lieux d’assemblée publique, les attroupements, les bruits et rassemblements nocturnes qui troublent le repos des habitants, et tous actes de nature à compromettre la tranquillité publique.
3. Le maintien du bon ordre dans les endroits où il se fait de grands rassemblements d’hommes, tels que les foires, marchés, réjouissances et cérémonies publiques, spectacles, jeux, cafés et autres lieux publics.
4. Le mode de transport des personnes décédées, les inhumations et exhumations, le maintien du bon ordre et de la décence des cimetières, sans qu’il soit permis d’établir des distinctions ou des prescriptions particulières en raison des croyances ou du culte du défunt, ou des circonstances qui ont accompagné sa mort.
5. L’inspection sur la fidélité du débit des denrées qui se vendent au poids ou à la mesure, et sur la salubrité des comestibles exposés en vente.
6. Le soin de prévenir, par des précautions convenables, et celui de faire cesser, par la distribution des secours nécessaires, les accidents et les fléaux calamiteux, tels que les incendies, les inondations, les ruptures de digues, les éboulements de terre ou de rochers, et tous autres accidents naturels, les maladies épidémiques ou contagieuses, les épizooties ; de pourvoir d’urgence à toutes les mesures de sécurité, d’assistance et de secours et, s’il y a lieu, de provoquer l’intervention de l’Etat.
7. Le soin de prendre provisoirement les mesures nécessaires contre les vagabonds, et les aliénés dont l’état pourrait compromettre la morale publique, la sécurité des personnes ou la conservation des propriétés.
8. Le soin d’obvier ou de remédier aux événements fâcheux qui pourraient être occasionnés par la divagation des animaux malfaisants ou féroces ».

Responsabilités. Force est de constater que la mission de la police municipale est multiple et étendue. Elle ne se limite pas à la seule circulation et à la distribution de contraventions – accompagnée de retrait de papiers – comme on le voit au quotidien. A l’exemple de ce qui s’est passé dimanche dernier à Ambatoroka où l’agent en question ne pouvait ignorer qu’il est tenu de « pourvoir d’urgence à toutes les mesures de sécurité, d’assistance et de secours ».  Face à l’actuelle situation de sinistre, la police municipale doit assumer pleinement ses responsabilités en matière d’enlèvement des encombrements ; de démolition ou de réparation des édifices menaçant ruine ; d’inondations ; de rupture de digues ; d’éboulements de terre ou de rochers. Ces problèmes s’avèrent mille fois plus urgents et vitaux que la circulation qui est freinée par le mauvais état de la chaussée quand elle n’est pas ralentie par les travaux de réparation tip top donnant aux rues de Tana un aspect patchwork.

R. O