La manifestation d’hier matin, bien qu’elle ne se soit pas déroulée jusqu’au bout , a quand même atteint son objectif : elle a réussi à mobiliser une partie non négligeable de la population. Cette dernière semble avoir avalisé le combat mené par les journalistes pour la liberté d’expression.
La population exprime sa lassitude
Les journalistes s’étant rassemblés à Ankorondrano n’ont pas réalisé ce qu’ils avaient projeté : faire un cortège funèbre pour signifier la mort de la liberté d’expression. Mais les autorités ont décidé de les empêcher de sortir du lieu où ils s’étaient donné rendez-vous. Les forces de l’ordre sont restées inflexibles malgré des tentatives de négociations menées. En dépit de l’empêchement de la manifestation sur la voie publique, la population a tenu à être présente dans les rues de la capitale. Elle s’est déplacée, car elle voulait manifester un sentiment de lassitude envers le régime. Certes, le point de départ du mouvement est bien sur le combat mené pour défendre la liberté d’expression, mais la majorité des gens présents voulait exprimer leurs griefs contre le pouvoir. Il n’y a heureusement pas eu de débordements graves. Ceux qui commençaient à s’exciter ont été ramenés à la raison. Les leaders politiques ne sont, Dieu merci, pas sorti de leur rôle et n’ont pas tenté de créer des troubles. Ils ont compris que le pouvoir ne se conquiert pas dans la rue et que les émeutes ne feront qu’aggraver les problèmes du pays. Durant cette réunion des parlementaires francophones à Tana, les événements d’hier ont certainement interpellé les participants à ces journées d’Ivato. Ils sont au courant de la volonté des journalistes de refuser l’adoption par les députés du code de la communication. La secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, s’est déclarée favorable à l’instauration d’un dialogue entre le monde de la presse et le régime.
Patrice RABE