
« Le développement ne dépend pas de la volonté politique mais d’une volonté personnelle »
Elle n’a jamais pensé qu’elle serait maire. Ce n’était nullement dans ses projets. Mais le destin en a décidé autrement. Andriamahasoro Rondromalala, sœur ainée d’une fratrie de 7 enfants mais 3e dans la lignée est une jeune femme de 42 ans, mariée et mère de deux enfants, dont le garçon a 12 ans et la fille 8 ans. Elle a fait ses études primaires à l’école Nazareta de Toliara pour les continuer à l’Ecole sacré cœur de Toliara. « J’ai fait partie de la première promotion de G2 de l’école ». Ensuite, elle a travaillé durant 6 ans dans une banque avant de se tourner vers l’ouvrage bois. En tant qu’entrepreneur, elle s’est établie dans sa région natale Fort Dauphin. « mon papa vient de Farantsa Fort Dauphin et maman de Farafangana ». Dans la forêt d’Ampasy Nahampoana, les bucherons et ceux qui travaillent dans le bois lui ont demandé de se présenter en tant que maire en 2007, « je n’y connaissais rien. Les bucherons m’ont poussé, ont fait tous les papiers. M’ont mise en tant qu’indépendante et j’ai été élue ».
400 000USD de recettes. Depuis, elle a un rythme de vie effréné « les formations, les représentations, les réunions me prennent beaucoup de mon temps. Pire, parce que je suis maire, les gens croient qu’ils ont un droit sur ma vie privée et c’est le plus dur à vivre. Ils savent tout ce que je fais, pas d’intimité. Mais je suis décidée pour le développement de mon village ». En fait la commune de Madame la maire est la seule qui a réussi à engendrer 400 000 USd de recettes en un an. Comment ? « 80% des terrains dont a besoin QMM se trouvent sur la commune d’Ampasy Nahampoana. Je ne le savais pas quand j’étais élue. Mais un contact officiel m’a dit que la commune peut avoir une rentrée d’argent claire, saine et pérenne avec les permis de construire ». Depuis, elle n’a de cesse de travailler dans ce sens. Elle a suivi une formation de bonne gouvernance à Durban. Sa réussite a été citée en exemple dans plusieurs conférences mondiales d’où sa présence en Tunisie, Brésil ou encore à Dakar. Mais elle n’a jamais perdu le sens réel des choses. Elle est restée elle-même. « Je suis restée la villageoise d’Ampasy Nahampoana. Quand je ne travaille pas, je reste en brousse, je plante, je fais faire des ouvrages bois, je m’occupe de mes enfants ». Mais elle ne s’occupe pas seulement de ses enfants car à Ampasy Nahampoana, apparemment les villageois la considèrent comme maire et… mère. Ils ne veulent d’autre maire qu’elle. « il faut croire en la capacité des gens, leur faire confiance. Penser aussi que les femmes comme les hommes peuvent bien faire les choses. Les femmes souvent mieux que les hommes ». Cette petite mais riche commune arbore 3 lycées, une crèche, un bus scolaire etc, la population est appuyée dans ses activités et pratique le système de budget participatif, un projet de la banque mondiale avec le PIC à suivre et à pérenniser.
Anny Andrianaivonirina