Il n’a rien à envier à ces humoristes déjà connus. Oui, il a été fasciné par la faculté de Goth à passer d’un personnage à l’autre. Quand Francis lançait son « Eisy e ‘lay alina e » et que les gens se tordaient de rire, lui se demandait comment, par quel miracle, d’une simple phrase aussi dénuée de sens, il arrivait à faire réagir le public. Quand le 21 novembre dernier, l’humoriste en herbe qu’il était donnait enfin son premier « one man show » et que le public réagissait superbement bien à ses plaisanteries, il s’est dit qu’il a trouvé sa voie. Enfin ! Ni aussi salés que ceux de l’un, ni aussi politiques que ceux de l’autre, les textes de Barhone sont modérés, bien pensés mais tout aussi drôles. Car pour le jeune homme, pas question d’improviser et encore moins de dire n’importe quoi. Tout se prépare dans les moindre détails, et à l’avance. Ce qui fait de lui un humoriste hors pair à suivre de très près.
Du théâtre à la comédie. Aussi loin qu’il s’en souvienne, Barhone a toujours aimé faire rire. « J’aimais surtout imiter les gens : leur manière de bouger, de parler… ». Le pasteur de son église, son professeur de philo ou encore de français en ont fait les frais. Oui, il était doué mais le déclic ne viendra pas tout de suite. Il passera d’abord par le théâtre et le slam avant de se décider à vraiment se lancer dans l’humour proprement dit. En 2008, le batteur de « Zay vao hita » rejoint la compagnie Miangaly. Il y apprend l’art de la scène. Mais surtout, il découvre les bases et les techniques d’un bon spectacle. « Mon désir d’entrer dans un milieu plus professionnel se concrétisait ». Avec cette même compagnie, Barhone enchaîne les spectacles et les tournées. Un domaine amenant à un autre, il se retrouve dans un autre monde artistique : le slam. « C’était en 2010. Je devais jouer le rôle d’un figurant. Je me retrouvais cependant à la place du metteur en scène ». Une expérience très bénéfique à la suite de laquelle il décide de s’essayer à l’écriture. Se découvrant une réelle passion pour le slam, le passionné de photographie décide de rejoindre Madagaslam. Cette fois, il se sent prêt et pense avoir toutes les cartes en main pour un bon spectacle et devenir un excellent humoriste.
Minutieux. Si certains humoristes misent surtout sur l’improvisation, Barhone, lui travaille ses textes des semaines, voire des mois à l’avance. On a pourtant l’impression que tout lui vient spontanément. « Faire rire les amis c’est autre chose. Etre face à un public en est une autre. Il faut peser ses mots et ses gestes et penser à ne froisser personne car il y a des pères, des filles, des mères, des sœurs… donc tout préparer, ne rien laisser au hasard : les mots, les gestes, les mimes… Tous les thèmes sont d’abord recensés. Je me mets ensuite à l’écriture ». Il soumet ensuite ses textes à Christiane Ramanantsoa et Tagman avec lesquels il travaille en étroite collaboration. « Ils apportent des changements ou améliorent, c’est selon. Je demande également l’avis de mes parents que je prends beaucoup en compte car ils sont très critiques et ne me ménagent pas. Ce n’est qu’ensuite que les répétitions, les vraies, commencent ». C’est là tout le secret de son excellence. Après son premier grand succès, Barhone compte faire un remake pour l’année prochaine, toujours au même endroit. L’occasion pour les amateurs de le découvrir ou de le redécouvrir.
Mahetsaka