« Tentez, persévérez, ne laissez pas le manque de matériels, de fonds être des obstacles entre vous et vos rêves. Il n’y a pas d’argent et il n’y en aura jamais », c’est ainsi qu’elle réplique quand on lui demande le secret de sa réussite, son parcours. Animatrice radio, journaliste de presse écrite, assistante réalisateur, productrice, entrepreneure, réalisatrice… Anjara Rasoanaivo a plus d’une corde à son arc. Et si à ses débuts, la bataille n’était pas gagnée d’avance, elle a toujours persévéré. Portrait.
Le journalisme, une passion. Elle a toujours côtoyé ce monde, son grand oncle Ralaiarijaona, étant le propriétaire d’un journal « maresaka » à l’époque. L’ambiance qu’on y vit, la manière dont on l’exécute…tout dans ce métier la fascinait et plus spécialement : l’écriture. Au lycée, elle se prenait déjà pour une journaliste. Ses devoirs de philosophie, les compréhensions de texte, les rédactions en histoire et géographie… elle les rédigeait, comme si elle faisait des articles. Et elle a toujours eu de très bonnes notes. A l’époque, elle n’avait pourtant que 15 ans. Quand au milieu des années 90, son grand frère devient journaliste culturel, sa passion pour le journalisme en devint encore plus brûlante. Bac en poche, la jeune femme se donne alors les moyens pour atteindre son but. Pas question de perdre du temps ! Elle voulait tout de suite passer à l’action. A la fin des années 90, elle débute comme animatrice, puis chroniqueuse d’une émission rock, à la Rta et à l’Alliance fm. Elle rejoindra, en 2004, l’équipe de Les Nouvelles et renforcera celle de Midi Madagasikara quelques années plus tard. L’un de ses rêves de petite fille est devenu réalité mais ce n’était pas encore suffisant. Il lui manquait quelque chose. Un vide qu’il lui fallait combler.
Esprit d’entreprenariat. En 2008, avec quelques uns de ses amis, dont Rado Andriamanisa et Henintsoa Ramarohetra, elle se lance dans une nouvelle aventure : la production avec « Korano la vie », un film sur le Sida. Une brève mais belle expérience à laquelle elle prend beaucoup de plaisir et qui a nourri encore plus son envie de créer sa propre entreprise. Car entreprendre, Anjara a toujours aimé cela : se poser des objectifs, relever des défis, tomber, se relever par la suite, gagner ses batailles, se créer ses propres opportunités et se battre pour voir un jour ses rêves se réaliser. L’un de ses amis, Daddy Ramanankasina de confirmer « Anjara a toujours été une battante. Quand elle s’est posé un objectif ou quand elle veut quelque chose, elle se donne tous les moyens pour parvenir à ses fins. Elle ne se laisse pas facilement démonter ». Malgré les obstacles rencontrés en cours de route, son agence de production, « Formule presse » voit le jour en 2010. Elle produit des artistes, signe des films institutionnels parmi lesquels « Vy very » et « Tia miaina ». Mais ce n’était toujours pas suffisant. La complice de scène de Goth voulait aller au-delà de la production : réaliser.
Déterminée. Ce monde, elle l’a pourtant détesté autrefois. « Ma mère était professeur, auteur et metteur en scène. Atteinte d’un AVC, il lui fallait de l’assistance pour se déplacer. Quand elle travaillait, elle m’envoyait donc au milieu de la scène pour concrétiser les images qu’elle avait en pensée. Va au milieu de la scène, fais ceci, fais cela. Et moi, telle une marionnette, je m’exécutais sur ses ordres. J’avais tellement honte à chaque fois car tous ses étudiants étaient là. Mais quand tu as à peine 10 ans, tu ne peux qu’obéir. Aujourd’hui, je ne peux que lui être reconnaissante de m’avoir transmis ces valeurs, sa passion ». L’envie de faire du cinéma, de réaliser, d’évoluer dans le monde du septième art, elle l’hérite de sa mère ou c’est plutôt ce vécu-là qui nourrit son envie d’intégrer ce milieu. Ce n’est qu’en 2014, après sa formation sur les fondamentaux de la production et son voyage en Afrique du Sud qu’elle est déterminée à faire un film qui sera totalement sien, qu’elle ne produira pas seulement mais qu’elle réalisera. Pas de ligne et encore moins de directives à suivre. Un long métrage à la Anjara Rasoanaivo à 100%. La route a été longue et sinueuse mais « Selfie #sale fille » a fini par voir le jour. D’ailleurs, ce long métrage sera projeté au CCesca ce dimanche à 14h30 pour ceux qui ne l’ont pas encore vu.
Bon vivant. « Oui, Anjara est une bosseuse qui persévère dans tout ce qu’elle entreprend mais c’est également et surtout une personne qui adore la vie et la croque à pleines dents, qui aime s’entourer des gens qu’elle aime. Je me rappelle d’ailleurs, qu’une année, elle a célébré son anniversaire avec l’association des journalistes culturels. J’y étais. Mon fils aîné était né ce jour-là. Et du coup, tous s’étaient plus concentrés sur cette nouvelle qu’elle en était exaspérée. Elle m’a alors dit de célébrer cet évènement un autre jour mais là, c’était sa fête, sa journée. Sacrée Anjara ! », se souvient Daddy.R. Tanjona Harijaona, ami et confrère au sein de Midi Madagasikara la définissent par contre comme « une femme de caractère, une fonceuse mais également un bon vivant ». Et si, dans son travail et sur les scènes de tournage, elle est sévère, Anjara, selon Elisoa.R, celle qui campe le rôle de Christelle dans « Selfie # sale fille », ne vous prend jamais de haut. « Elle vous parle de manière à ce que vous avanciez et rectifiez vos erreurs. Une professionnelle ! ».
Mahetsaka