
Danseuse depuis ses huit ans, membre de NTC Gospel ( Nightingale Teenage Choir), poétesse-slameuse, Andréa Lalatiana Rasamoelina alias Antigone sait tout faire avec une facilité déconcertante. Immense est le talent qu’elle porte en elle.
Timide. Elle a commencé à apprendre la danse à l’âge de 8 ans. Elle ne se sentait pas à l’aise, la petite Andréa était un sujet de moquerie. « J’étais la grande fille maigre avec des yeux globuleux. Je ne me sentais pas bien dans ma peau ». De ce fait, Elle a arrêté la danse pour adhérer dans un groupe de chorale de l’Eglise FJKM Andravoahangy. Andréa Lalatiana ne s’arrêtait pas en tant que chorale. Elle est d’une curiosité infatigable, tout l’intéresse, la captive. En 2008, pour vaincre sa timidité, elle participe au tournoi slam inter établissement. Fan de Melky, la jeune fille chantait la chanson de son idole sur la scène. « C’était ma toute première scène, je ne savais pas encore c’était quoi le slam à l’époque mais j’étais juste sélectionnée pour lire un poème », a-t-elle raconté. La jeune fille grandit. Mais, elle ne sait pas ce que l’avenir lui réserve…
Frère comme repère. Andréa a un frère qui s’appelle Anthony qui a été toujours son encadreur. Ce dernier aime écouter du rap chaque matin. En voyant son grand- frère la tête hochée, la jeune fille est influencée. « Mon grand-frère, révèle-t-elle, m’a fait découvrir le monde du slam et du rap quand j’étais petite. Il écoutait du Grand corps malade, du Eminem, et du Raboussa. Cela m’a beaucoup influencé. Il écrivait aussi des textes dans un agenda. J’avais toujours l’habitude de les lire à haute voix. J’admire mon frère mais il n’a jamais déclamé un texte sur scène». Dès lors, elle commence à griffonner. Quand elle commençait à s’exprimer sur un papier en « balançant » toutes ses peines, elle a pu regagner petit à petit confiance en elle. « Cette peur de jugement s’est dissipée petit à petit », a-t-elle affirmé.
Les « britishs » à son chevet. Après son bac, Andréa poursuit ses études en langue anglaise à l’Université d’Ambohitsaina. En étudiant la langue de Shakespeare, elle découvre les œuvres de Georges Bernard Shaw et Oscar Wilde. «Shaw est un écrivain, dramaturge talentueux et aussi ouvert d’esprit, il aborde des thèmes intéressants notamment dans cette œuvre, il enseigne ses lecteurs à ne pas juger les gens mais les comprendre. Car dans la vie tout est question de circonstances… Ces œuvres. Ça m’a ouvert les yeux ». Cet anticonformiste irlandais inspire la jeune fille. Par conséquent, elle devient «libre-penseur».

La « plume rose ». La vie suit son cours, désormais, Lalatiana a trouvé son identité. en 2017, après mûre réflexion, elle est convaincue que le slam est un « bon outil » pour s’exprimer. « J’aime cette liberté, cette fluidité quand je slame. Je me sens vivante quand j’écris un poème. Aussi, ça m’aide à forger ma personnalité», a-t-elle relevé. En écrivant « Tanora 2.0 » son premier texte qu’elle a osé partager durant le Concours du Slam Nationale 8e édition, elle rejoint les rangs des poètes urbains. « Je parle des jeunes de nouvelle génération d’après le titre « 2.0 ». Des jeunes qui veulent poursuivre leurs rêves, qui vont au fond de leur pensé, qui ne se souviennent pas forcément de ce que dictent la société, de ce que disent leur aînées. Des jeunes pleins d’audace qui assument totalement leur choix ». En juin 2018, lors de l’événement « Art raha mba hainao », une levée de fonds par l’association Young Actives, elle et son amie Melissa fondent un collectif de slameuses : Raozy Feather. Leur première scène était un coup de maitre. Les deux jeunes filles ont écrit un texte sur la violence contre les enfants et les femmes. L’année prochaine, elle sortira des « vidéos lyrics » pour les adeptes de la poésie urbaine. Ces œuvres seront en anglais et en Malgache.
Sujet de plaisanterie dès son jeune âge, timide, Antigone est dorénavant une courageuse poétesse qui ose s’exprimer à haute voix ses sentiments.
Iss Heridiny