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dimanche, septembre 8, 2024
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Portrait : Baba Toanina, le patrimoine « avy any am–bala »

Baba Toanina (à gauche) et sa femme qui chante aussi avec lui dans son groupe « Ratoanina »

A Fianarantsoa vit encore un patrimoine de la musique traditionnelle du groupe humain Betsileo, Baba ‘Toine. Maître du « isa » ou « antsa », ensuite du « horija » et du « zafindraony ». Rencontrer ce grand monsieur revient à ouvrir une grande livre d’histoire et de musique. Une discussion qui est parfois ponctuée de chant séculaire a cappella. Emouvant et enrichissant. 

Depuis Lahidasitra, un des nombreux quartiers en hauteur de la ville de Fianarantsoa, se trouve une vue dégagée de cette cité écartelée par les monts et les vaux. Baba Toanina y vit, dans une douce demeure bien animée avec sa femme et sa descendance. Baba Toanina, son nom de scène, est né en 1946. « Tany am–bala », signale–t–il, d’un ton musical et fier. « Mes parents m’ont poussé à devenir prêtre… mais je ne voulais pas tromper le Seigneur, en faisant quelque chose que je ne voulais pas, qui ne viendrai pas de mon cœur ». Cette indication « tany am–bala » revient plusieurs fois quand il se met à raconter son enfance et sa vie. « Je viens de Vohitrafeno, au sud de Masoabe et à l’est d’Alakamisin’Itenina. Je viens de Vohitrafeno et c’est une commune ». Sa famille l’envoie à Fianarantsoa pour étudier à Ambatomena. En manque d’argent, elle l’incite à devenir religieux. Son grand frère finit par le devenir. « J’ai refusé… qu’advienne que pourra », soutient–il en revenant sur cette lointaine décision. Et il reprend, « ka iaho nipetraka tany am–bala », traduction à découvrir sur place. C’est dans la quiétude des champs et les envolées de latérite des jours de bal au village qu’il trouve sa vocation. Celle–ci porte plusieurs noms : l’« isa » betsileo ou « antsa », l’« horija » et enfin le « zafindraony ». « Le zafindraony n’est apparu que tardivement. Les prêtres et les pasteurs l’ont introduit pour faire mieux passer les prières » chrétiennes, se remémore–t–il. Baba Toanina est une mémoire vivante, patrimoine inestimable de cette région du groupe humain « Betsileo ». Selon lui, les anciens, les premiers pratiquants de l’« isa » ou « antsa », viendraient de Masoabe, Mahaditrà, Alakamisin’Itenina… Du temps des rois. « J’y aimai surtout le style de chante et la danse, ma mère m’a appris les bases, mon père ne savait pas chanter », s’amuse–t–il. Après la période scolaire d’Ambatomena, il retourne donc vivre « any am–bala ». En grandissant, son art se perfectionne. Un genre musical assez problématique pour un esprit puritain. « En fait, l’‟isa” (rire en coin) est surtout pratiqué pour séduire les filles… certes, il y a des leçons ». Ce chant d’ensemble polyphonique sert à motiver les grands travaux des champs, construction de tombeau, etc. Dans une région où les rizières s’agençaient à étage en flanc de montagne, des chants d’encouragement étaient plus que nécessaires. Du temps de Baba Toanina, l’horija traditionnel avait toute sa place. Un son complètement terroir, où seuls sont utilisés trois ou quatre instruments : jejy voatavo, romy et kiasody. Plus tard, le kabôsy a complété la panoplie. La danse est aussi née, « les gars voulaient danser sur la musique », fait savoir ce patrimoine vivant. Le « tsinjaka », « baramandraoka », « dihin–dreniolo », « lapapa », le « kidodo » divisé en sous type comme le kidodon–dehilahy, kidodom–behivavy et le kidodo madinika. Aujourd’hui, ce grand monsieur de l’art malgache se retrouve comme bon nombre des patrimoines vivants de la culture nationale. Oubliés par l’histoire et ses contemporains. Pourtant, il en a vu des lieux dans le pays et passer des jeunes. « Oladad était des habitués de la maison », raconte sa fille. Ce groupe à succès pratiquant un mélange d’horija, de musique urbaine et de variété, a fait ses classes auprès de Baba Toanina. Les exploitations et escroqueries en tout genre, venant des étrangers ou des malgaches, jalonnent son parcours. « Un compact disc en anglais de ses chansons se trouve et est vendu à l’étranger, nous n’en savons rien de tout cela », signale sa fille qui a désormais repris le flambeau. « Azonao, ho roso any aho e », lance–t–il suivi d’un petit rire sans crispation. Cela veut dire, « Vous savez, je vais bientôt partir ». Un message simple et poignant, de Baba Toanina, un malgache « avy any am–bala ».

Maminirina Rado

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