

« Ganja et reggae », cette formule a toujours accompagné Bob Marley, de son vivant qu’après son trépas. Robert Nesta Marley est né le 6 février 1945 dans une bourgade campagnarde, Nine Miles. Coincée dans une chaîne montagneuse, genre de « Bongolava » à l’épaisse jungle. Le jeune garçon et de nombreux cousins y ont été élevés par sa grand-mère, Yaya. Celle-ci le surnommait, le « petit allemand ». Le pauvre « Bob », un diminutif qu’il a acquis grâce à Jimmy Cliff plus tard, était alors le souffre douleur de ses cousins à cause de son métissage.
Considéré presque comme un chiffon, ces derniers le forçaient à s’acquitter de leurs tâches quotidiennes. Chétif, le futur roi du reggae allait traire les vaches, chercher les fagots, sortir l’âne… plus que ses cousins. Cette situation l’a affecté selon Bunny Wailer. Un gars de la ville venu de Kingston, la capitale de la Jamaïque, qui se débrouillait bien avec une guitare. Avec lui, Robert Nesta Marley allait réveiller son génie. Un immense génie musical.
Le fait qu’il soit rejeté par les siens, du côté de sa mère de surcroît, pourraient étonner. En partie à cause de son père, un certain capitaine Norval Marley. Garde forestier anglais, blanc, la soixantaine mais amateur de « chaires fraîches ». Il a alors remarqué une noire de seize ans, Cedella Malcolm. Les deux tourtereaux ont eu un enfant ensemble. Ainsi naquit Robert Nesta Marley. Issu d’une famille très à cheval sur les principes, son géniteur a préféré prendre la tangente. Plus tard, il fut un temps où Bob allait demander de l’aide à sa famille paternelle. Sa doléance avait été reçue avec une déchirante indifférence.
Son destin était tracé. Le petit et sa mère allaient affronter ensemble les hauts et les bas de la vie. Sans doute, ce passage douloureux lui a inspiré la chanson « High tide or low tide ». Une balade/blues de malade, sur laquelle il raconte les larmes de sa mère dans la nuit, priant Dieu de les guider et de les protéger. Mais aussi de les corriger quand ils se trouvent sur le mauvais chemin. Mère post-ado célibataire trainant un enfant rejeté de partout, Dieu avait de quoi s’occuper.
La quête musicale de Bob Marley s’est déroulée d’abord à Kingston, n’ayant pas encore atteint les 20 ans. Puis aux Etats-Unis, où il a travaillé dans une usine d’assemblage au Delaware. Il retourne finalement en Jamaïque. Comme tous les jeunes premiers de l’époque, il lui était difficile de se faire un nom dans un paysage musical dominé par les bakchichs versés aux Djs des stations radios et les gros bras. Une discussion avec Jimmy Cliff alors sur le faîte de sa gloire a été décisive, « Adam Marley ou Bob Marley », le choix a été vite fait.
Il ne faut pas oublier que sa rencontre avec Peter Tosh a scellé leur destin. Le trio Bob Marley, Bunny Wailer et Peter Tosh s’est formé. Taquins, les gars du quartier leur ont conseillé d’appeler la formation, « The Wailers ». Puisque leur musique se plaignait à longueur de temps. De « Simmer Down » (1964), leur premier succès, à « Bend Down low » (1966), la confirmation. Le groupe explosera les scènes quand il débarque aux Etats-Unis, à travers les tournées en Europe et en Asie. L’envol d’une légende planétaire vers l’ère « Bob Marley and The Wailers ».
Maminirina Rado