Reggaeman de son état, Christian Reggasy est une grande figure du reggae malgache. Sa notoriété, il l’a forgée à force de persévérance et de positivisme quasiment sans borne.
Dans la Grande Ile, le reggae attire dorénavant un public plus large. Avec les évènements de reggae et de « soundsystem » qui se multiplient, Christian Reggasy fait partie des pionniers de la discipline. La musique l’a attiré depuis sa tendre enfance et il n’hésite pas à « risquer son avenir » pour se vouer à sa passion. À ses débuts, Jean Christian Raherimandimby n’était encore qu’un garçon avide de musique. Il s’est d’abord intéressé au « slow hard » et son intérêt pour la musique a été tel qu’il a monté un groupe nommé « Miangaly » avec ses camarades dans le temps. « Déjà à l’époque, je séchais les cours pour regarder des guitaristes jouer et apprendre le b.a.-ba. De ce qui deviendra plus tard mon instrument de prédilection. Au fur et à mesure, j’ai fait l’école buissonnière à l’insu de mes parents pour entrer en studio avec des amis à Fianarantsoa », confie-t-il. Plus tard, au lycée, il a découvert l’univers du reggae. « C’est avec ma première composition « Reggasy », que j’ai décidé de m’engager sur cette voie-là », relate-t-il dans une interview. « J’écoutais beaucoup d’UB40 et de Bob Marley et c’est grâce à ces artistes que l’envie de m’investir dans le reggae a pris racine au fond de moi ».
C’est en 2001 que le groupe « Reggasy » voit le jour. Se basant essentiellement sur sa maîtrise des titres de Bob Marley, Christian commence à faire des recherches et apprend en autodidacte. Casque vissée sur la tête, guitare en mains, il cherche à l’aveugle chaque note, pour pouvoir les rejouer en boucle. Grâce à ses interactions avec les musiciens et artistes locaux, le jeune homme prend au sérieux la musique et décide d’en faire finalement son gagne-pain.
Pendant plus d’une année, il a donc appris avec Tovo Andrianandraina. « Il m’a donné les vraies bases que tout bon musicien doit connaître et cela m’a beaucoup aidé car j’ai eu par la même occasion l’opportunité de côtoyer d’autres artistes » Au fur et à mesure, le musicien fait ses premiers pas et accompagne des chanteurs avec sa guitare. Quelquefois, il partage l’affiche, comme avec Nicolas Vatomanga et bien d’autres. Cependant, Jean Emilien a été son mentor. Toujours dans l’optique de vouloir réussir dans la musique, il n’a pas hésité à approcher les meilleurs dans le domaine. Comme il le dit si bien, pour avoir l’étoffe d’un champion, il faut en avoir autour de soi. « Bien qu’il ait été un as de la musique du terroir et moi un féru de reggae, notre passion commune pour la musique nous a rapprochés, par ailleurs, il m’a appris comment être un acteur culturel. Car être musicien signifie beaucoup plus que les strass et les paillettes et chaque artiste digne de ce nom a une responsabilité envers la société », souligne-t-il. Effectivement, l’esprit même du rastafari cadre dans ce sens-là et c’est justement à ce moment-là que le « Fianar reggae festival » voit le jour.
Sur tous les fronts, les membres du « Reggasy » mettent tous la main à la pâte. Si normalement le quartet est devenu un sextet, la bande organise elle-même le festival. Même si cela demande du temps et de l’énergie, et malgré les difficultés à mettre en place un festival pérenne dans la Grande Île n’est pas évident, cela n’ébranle en rien leur positivisme. Le groupe se penche actuellement sur le nouvel album « Best of Reggasy ». Sans changer d’optique, les sujets abordés tournent toujours autour de la conscientisation populaire sur la pauvreté, la corruption de haut vol et bien d’autres cas courants à Madagascar. Des titres que les amateurs du genre ont pu apprécier lors du concert de la semaine dernière.
Zo Toniaina