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samedi, juillet 5, 2025
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Portrait : « Dadafara cassette », le Motown du Hiragasy

Dadafara pose avec fierté devant son kiosque à cassette du haut de ses 65 ans

Dans le marché d’Isotry, tout le monde connait « Dadafara Producteur » ou « Dadafara cassette » avec sa dégaine de parrain calabrais. Dans un petit pavillon en bord de route pavée, à quelques mètres du commissariat d’Isotry, il a mis en place son petit studio de production. Dans un endroit aussi populaire que l’art qu’il véhicule : le hiragasy. Il s’est laissé questionner sur son parcours et ses faits d’armes. Ramilison dans le civil, vice-président de la fédération des Mpihiragasy de Madagascar, est un défenseur, parfois enflammé, de cet opéra « malgache ».

Donc, vous êtes tombé dans le hiragasy comme dans une marmite ?

J’ai toujours baigné dans le Hiragasy, depuis mon enfance. D’ailleurs, plusieurs proches parents font partie d’une compagnie. Pour ne citer que Rainitelo, il est mon cousin. Mais je n’ai jamais pensé à chanter ou pratiquer du Hiragasy. En grandissant,  mon parcours de jeunesse aidant, j’ai commencé à m’intéresser aux messages véhiculés dans les chansons. Leur discours, leur lexique, leur manière de faire passer les morales… cela m’a convaincu de vraiment m’y pencher. Je n’ai jamais aussi pensé à devenir producteur. Mais, je savais au fond de moi que je serai dans ce milieu.

Parlez-nous de vos débuts ?

Alors, à l’époque des cassettes, du temps où des spectacles se faisaient régulièrement au kianja Ramala. Un jour de 1988, j’ai décidé de me lancer dans la production. Je suis venu avec mon matos et j’ai enregistré. Au fur et à mesure, mon travail s’est développé. Je commençais à vendre mes cassettes hors de la capitale. On les retrouvait dans les foires, les marchés… Je faisais tout, je travaillais seul. Bien plus tard, du temps toujours des cassettes, je les proposais à 700 ariary. Je dépassais les milliers de vente par mois. A cette époque, le titre « Ny olona ory tsy havan’ny manana » de la troupe Ranarison était une de mes plus grosses ventes. J’ai alors proposé mes cassettes aux stations locales, à la Radio Nationale, en collaborant avec Randrianasolo Raymond, la radio Farimbona. Ainsi, toutes les chansons de hiragasy diffusées durant des années sur la chaîne publique venaient de ma petite production.

Avec l’arrivée des supports numériques, comment avez-vous vécu cette transition en tant que producteur ?

Je tiens d’abord à préciser que je suis parmi les défenseurs des droits d’auteur. Avant chaque enregistrement, je parlais  avec les chefs de troupe. Nous passons des accords. D’autant que les ventes explosaient. Mes produits sont présents dans des villes comme Tsiroanomandidy, Toamasina, Mahajanga et Antsirabe. Bon, mais il faut le dire, le Hiragasy est surtout pratiqué et suivi dans la région centrale, comme on le dit dans le « ventre de l’Imerina ». Mon choix, ce n’est pas un choix pour en vivre, mais mon travail me correspond moralement, mentalement et culturellement. C’est ma culture, je suis sur la terre de mes ancêtres, alors je fais tout pour qu’il soit préservé. Avec l’arrivée des CD, j’ai dû suivre des formations en informatique. Pour les prises de son, ma formation sur le tas pouvait rivaliser avec des formations en salle.

Après tant d’années au service du Hiragasy, que pouvez-vous en dire ?  

Avant tout, je vends encore des centaines de cassettes actuellement. A Antananarivo, ce sont les gens qui viennent des campagnes, les paysans, qui remplissent les lieux quand il y a des spectacles de Hiragasy. Pour dire que cet art vit grâce à ces gens des contrées lointaines, des gens des rizières. A Madagascar, la culture est commune. Et fort heureusement, le malgache parle une seule langue. Que ce soit un Bezanozano, un Antandroy, un Merina ou un Betsileo, on se comprendra toujours. Les « vraies valeurs » malgaches existent, mais elles sont en train de se perdre.

Alors, le Hiragasy risque aussi de se perdre ?

Rien qu’à Antananarivo, il y a une cinquantaine de stations radios. Mais personne ne diffuse du Hiragasy. Alors, il faut tendre l’oreille vers cet art, cet art dans le sillage des valeurs et la culture malgache. Le hiragasy est un patrimoine. Est-ce que vous avez entendu parler de la légende de Tsingory. On dit aussi que cet art a déjà existé depuis Andrianampoinimerina. On appelait les pratiquants des « Mpilalao » en ces temps. Par ailleurs, je pense que le HIragasy a déjà existé bien avant le règne de ce monarque. Le Hiragasy, c’est une structure d’où devrait partir tout effort de développement de cet art.

Maminirina Rado

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