
Plus connu dans le monde de la pétanque pour avoir créé le Bouliste Club Ialatsara Ambohimahasoa, Rakotovazaha Ruchet Jonas « Zozo » est pourtant un illustre médecin qui n’a pas froid aux yeux. Au besoin en effet, il ne rechigne pas à retrousser ses manches lorsqu’il était le chef d’équipe en charge du quartier d’Isotry au temps fort de l’épidémie de choléra en 2000.
Un caractère de battant qu’il a hérité de son père, un fonctionnaire des Eaux et Forêts avant de devenir le maire indépendant d’Ambohimahasoa de 1983 à 1988, période au cours de laquelle il a débouté la société Lachaise et Frères de l’électrification de la ville au profit de la Jirama.
Brillant cursus scolaire. Sa mère, une sage-femme sortie de l’Université d’Aix-Marseille, s’est sacrifiée pour lui donner une éducation décente. Et le mot est un peu moins fort quand on sait que sans les bourses habituelles, Zozo est tout de même allé poursuivre ses études, en 2003, à la Faculté de Médecine de Nancy, option psychiatrie. Une suite logique d’un brillant cursus scolaire avec au passage un titre de meilleur élève du Lycée Raherivelo Ramamonjy de Fianarantsoa où il a décroché le bac C puis l’autre bac D quand il effectuait son Service National en 1987.
Il a ensuite fait son entrée à la faculté de Médecine d’Antananarivo, en 1988, d’où il est sorti, huit ans après, sans la moindre fausse note.
Son départ pour Nancy marqua un tournant dans la vie de ce jeune médecin connu pour sa modestie et le respect d’autrui. « J’ai hérité cela de mes parents », concède-t-il avant de reconnaître que cela a servi à lui ouvrir toutes les portes avec en plus, sa droiture.
Il se remémore d’ailleurs d’un incident qui l’a marqué devant un lit de mourant où il n’a pas cédé contrairement aux autres médecins. Et à force de courage et d’abnégation, le Dr Zozo est sorti vainqueur de cette lutte contre la mort et d’avoir réussi à sauver un homme qu’il ne connaissait même pas. Une foi inébranlable pour un chrétien pure souche qui officiait en tant que diacre du temple FJKM de Nancy en 2005.
Mais ses faits d’armes en tant que psychiatre sont moins connus que ses actions sur le sport. Car ce bouliste qui a appris le métier avec le Dr Richard Razakatiana et ses deux fils, Haja et Mamy, qui sont au Canada, n’est ni plus ni moins que le président fondateur du Bouliste Ialatsara Club Ambohimahasoa.
Redorer le blason d’Ambohimahasoa. Il a en fait fourbi ses armes avec le Fianarois Bassir Karmaly avec qui il a hérité la manière de diriger un club. Et avec brio, car le BIC Ambohimahasoa vient de gagner l’un des plus prestigieux tournois en l’occurrence l’Europétanque de Nice 2017 et ce après avoir monopolisé trois années durant les tournois de la Martinique et de la Guadeloupe.
Toutes ces actions visent à redorer le blason d’Ambohimahasoa, précise Zozo qui n’hésite pas à ouvrir ses portes pour tous les gens de bonne volonté. « Le BIC est certes d’Ambohimahasoa, mais ses membres sont désormais issus des quatre coins de l’île », avoue-t-il avec une fierté non feinte. Et heureux comme tout, car les autorités lui apportent soutien et réconfort à l’image du ministre des Sports Anicet Andriamosarisoa, mais aussi les membres de la Fédération Malgache de Pétanque avec qui il travaille la main dans la main et qu’il tient à remercier chaleureusement.
« Sans l’aide de ces personnes, le BIC aura tout le mal du monde à parfaire son déplacement annuel en France et dans les îles françaises du Pacifique », confie cet homme qui avoue n’avoir qu’un défaut. Celui d’être assez souvent trop bon au point de ne pas refuser aux sollicitations qui fusent de partout. Autrement dit, il évite d’appliquer dans la vie de tous les jours sa compétence en tant que médecin psychiatre. Tout simplement parce que cet homme qui a vu le jour à Andranomanelatra et a vécu toute son enfance à Ambohimahasoa, a hérité des qualités des gens de ces régions où la solidarité et l’entraide font partie du quotidien de la population. Le fair-play d’un sportif et le mental de celui qui a fait le serment d’Hippocrate lui ont certainement forgé un très bon caractère. Sacré Zozo…
Clément RABARY