
Un musée en mémoire des tirailleurs malgaches et africains de la Seconde Guerre se trouve à Tadio dans la région « Betsileo ». Terres d’origine de Johanesa Rafiliposaona, « fin écrivain – interprète ».
La droiture en treillis, Johanesa Rafiliposaona, recruté par la France comme « chair à canon » sous le statut de tirailleur, devient un maillon incontournable dans le rouage militaire. Originaire de Tadio dans les terres du groupe humain Betsileo, il rejoint Manakara en 1935 à l’âge de 24 ans. Il arrive à Tananarive, fait des études à l’école des élites de l’époque, le Myre de Vilers. La récompense ultime pour ceux ou celles qui veulent intégrer l’administration et devenir « fonctionnaire indigène » et devenir par ricochet, la fierté familiale. En 1939, son destin le mène dans le Var en France dans la caserne de Mangin de Fréjus. Ce dernier était militaire carriériste, à la source d’une thèse hyper raciste appelée « La force noire ». En résumé, la stratégie visait à vider l’Afrique et les colonies de ses hommes pour les envoyer au front. Tandis que les Français « blancs », pouvaient procréer loin des tranchées et allaient jusqu’à collaborer si nécessaire. Depuis plus d’un siècle, avant le début des hostilités avec les Allemands en 1939, la France connaissait une baisse de la démographie. Durant deux ans, entre 1939 et 1941, le jeune Johanesa Rafiliposaona au matricule « 20544 » reste dans ce camp militaire. Ses capacités d’écrivain interprète attirent l’estime de ses supérieurs. À partir de ce moment, il écrit à sa famille à Madagascar, à ses amis malgaches tirailleurs… Son français est impeccable, il devient aussi interprète pour ses compatriotes enrôlés. Ses capacités langagières l’amènent aussi à se battre pour ses droits. Question salaire, le soldat semblait être intraitable et agitait souvent la hiérarchie. Dans ses lettres administratives, il remportait des victoires face à l’administration militaire. Durant les évènements de 1947, il est au pays depuis un an et est nommé inspecteur de police à Diego Suarez dans le nord au fort de la lutte nationale pour la liberté. En 1948, il meurt. Sa dépouille a été ramenée à Tadio, dans le caveau familial.
Maminirina Rado