
C’est une figure connue de la communauté protestante de Madagascar, pour avoir été le président de la FJKM pendant 12 ans, de 1992 à 2004. Le pasteur Edmond Razafimahefa s’est éteint au CHU de Poitiers des suites d’une hémorragie cérébrale, le 18 décembre dernier. C’était le jour de son anniversaire. Né le 18 décembre 1949 à Andondona, dans la localité de Fandriana, il avait exactement 65 ans.
Plus de 40 ans de pastorat. Le pasteur Edmond Razafimahefa a assuré jusqu’au bout sa mission pastorale qui l’a conduit à occuper différents postes au sein de l’église protestante réformée de Madagascar FJKM (Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara) et au sein de la communauté protestante à l’étranger. Sa plus importante mission sera sans doute ses trois mandats à la présidence de la FJKM après son élection à ce poste en 1992. Edmond Razafimahefa était ainsi le troisième président de l’église FJKM depuis la naissance de l’église protestante réformée à Madagascar en 1968, après Titus Rasendrahasina et Joseph Joelson Ramambasoa. Il y restera pendant 12 ans. Trois mandats durant lesquels sa devise, tirée de l’évangile selon Luc, était à l’image de sa perception de sa mission : (Luc 17 : 10) « Mpanota tsy mahasoa izahay, ny tokony ho nataonay ihany no efa nataonay » (« Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avions fait ce que nous devions faire »). Marié et père de trois enfants, il était connu et apprécié pour son caractère calme et posé.
Titularisé. Le pasteur Edmond Razafimahefa a fait ses études de théologie en France où il décrochera, entre autres, un diplôme de maîtrise à l’Institut protestant de théologie de Montpellier. Ses recherches portaient alors sur « La situation spirituelle de l’église protestante à Madagascar de 1806 à 1913 ».
Quelques années après ses mandats à la présidence de la FJKM, il retournera en France où il se mettra au service de l’Eglise réformée de France. C’était en 2010. Il était alors pasteur dans des églises réformées (tour à tour à Châtellerault dans le département de la Vienne et dans la Basse-Marche, département de la Haute Vienne, puis à Lezay, dans les Deux-Sèvres), devenues par la suite des Eglises protestantes Unies. En juillet 2012, il est titularisé à Châtellerault.
Politique. Lorsqu’il était encore à Madagascar, le pasteur Edmond Razafimahefa était également une figure connue dans le paysage politique. En effet, peu après la fin de son mandat à la tête de la FJKM en 2004, Edmond Razafimahefa commence à être de plus en plus vu et entendu exprimer ses opinions politiques. Il était plutôt critique envers le régime Ravalomanana. En décembre 2004, il annonce, aux côtés de plusieurs autres membres fondateurs, la création du Rassemblement des forces nationales. Une alliance dans laquelle on trouvera entre autres, José Rakotomavo, Charlotte Rafenomanjato ou encore le père Rémi Ralibera et le pasteur Maxime Rafransoa, et qui a tenté de rassembler diverses entités pour des assises nationales. A l’hôtel Panorama où Edmond Razafimahefa en sa qualité de président du bureau provisoire, annonce la naissance de ce rassemblement des Forces Nationales, il pointe du doigt, fort déterminé, ce qu’il qualifie alors de « laïcité bafouée », sous le régime en place à l’époque. Mais le pasteur Razafimahefa fera le choix de ne pas poursuivre longtemps ce rôle sur l’échiquier politique puisqu’il quittera la Grande île peu de temps après les événements de 2009 et un an après il occupait déjà un poste au sein de l’église protestante de France. « …Il y avait des problèmes politiques qui m’ont conduit à partir », confie-t-il à un journaliste dans un article paru en 2012 en France. Depuis, il se consacrera aux fidèles de son église et aux responsabilités à lui confiées au sein de l’église protestante de l’hexagone. Il y était une personnalité estimée des autres communautés religieuses de sa localité, qu’elles soient catholiques ou musulmanes, lesquelles voient en lui un homme de paix.
Ses obsèques en France seront célébrées dans l’après-midi du 26 décembre 2014, au temple de Châtellerault. Sa dépouille sera attendue au pays sans doute peu de temps après. Midi Madagasikara renouvelle toutes ses condoléances à sa famille et à l’église FJKM.
Hanitra R.