En ce mois de juin, Madagascar célèbre le mois de la langue malgache. Qui de mieux pour symboliser ce patrimoine séculaire, vivant et moderne que le professeur Siméon Régis Rajaona.
Ceux ou celles qui ont passé des années à l’université d’Ambohitsaina, du vivant de Siméon Rajaona, l’ont peut-être un jour aperçu acheter du « koba », pâtisserie traditionnelle malgache, au niveau de l’arrêt « 119 ». Dans les files d’attente des étudiants attendant leur ligne de bus ou le brouhaha de 16h à Ankatso.
Un tumulte fiévreux de vague de jeunes pressé(e)s de rejoindre leur chez eux, le professeur s’achetait un peu de plaisir gourmet. Simplement. La démarche humble, une allure effacée de celui qui a accompli son devoir, a laissé un héritage à plusieurs générations. Siméon Rajaona a délaissé à jamais sa plume et ses recherches le 23 juin 2013.
Tout un symbole, d’autant que ce mois est dédié à la langue malgache. Né en 1926 à Antananarivo, il est considéré comme la référence dans l’étude de la langue nationale. Et quelque part, de sa promotion à travers les générations. Plusieurs professeurs en exercice en ce moment, ont reçu un peu ou beaucoup de cet ancien du lycée Gallieni à Andohalo.
À l’heure où les Beatles se battaient encore contre leurs acnés, Siméon Rajaona obtient son agrégation de grammaire à 29 ans. En 1957, il retourne sur ses pas, au lycée Gallieni mais en tant qu’enseignant de la classe de première. Sa carrière évolue et connaît un revirement inattendu. En 1958, il est nommé à un poste qui allait le lier à jamais à sa « culture mère ».
À partir de là, les choses s’enchaînent en sa faveur. Il occupe des fonctions à responsabilité au sein de l’Université d’Antananarivo. Cependant, tout cela toujours accompagné de sa plume. Siméon Rajaona écrit, beaucoup même. À la manière des génies qui se perdent parfois dans ses papiers et ses mémoires.
L’Académie malgache lui ouvre les bras. Des livres comme « Takelaka notsongaina » (1962–1963), en deux tomes, atterrissent sur la table des lycéens de tout le pays. « Structure du malgache, étude des formes prédicatives » (1972), « Problèmes de morphologie malgache » (1977). Les ouvrages de ce père de cinq enfants ne sont pas nombreux mais sont des incontournables dans la recherche universitaire.
En 2016, sort à titre posthume « Mon corps après toi », son dernier ouvrage si l’on puisse dire. Il y a tant à dire sur le professeur Siméon Rajaona, son héritage survivra à plusieurs générations. Confirmant aussi que la langue malgache est une richesse, à l’égal de toutes les langues existantes dans ce monde.
Recueillis par Maminirina Rado