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jeudi, juillet 10, 2025
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Portrait : Valimbavaka Raherimananjara en mission et la rue pour décor

Ambiance avec les bénévoles de « Teach Homeless Kids for Madagascar ».
Valimbavaka Raherimananjara, une bénévole engagée chez « Teach Homeless Kids for Madagascar ».

Intelligente et engagée, Valimbavaka Raherimananjara est une des bénévoles du projet « Teach Homeless Kids for Madagascar ». Aux premières loges du cercle vicieux de la pauvreté. 

Depuis que la situation sanitaire le lui a permis, Valimbavaka Raherimananjara, arpente les rues et les ruelles de Mahamasina chaque samedi. Dès que la bande à Daniel, Bodo, Tinà, Mickael… la voit, avec son collègue, ils accourent. Le regard des petits devient lumineux, presque affectueux. Valimbavaka Raherimananjara est la première responsable de « Teach Homeless Kids for Madagascar », un projet pour enseigner à lire, écrire et calculer aux petits mendiants de rue. La fondatrice se trouve aux États-Unis.

Difficile à croire, quand elle raconte son parcours, la raison pour laquelle elle a décidé de plonger dans cette aventure. « Après mes bacc en série A2 et série C, j’ai eu un master en contrôle de gestion et audit opérationnel, ensuite, j’ai passé un autre master de recherche en science de gestion. Durant mes études, j’ai travaillé dans un cabinet d’audit, puis en spécialiste/conseillère fiscale. Je suis partie au Royaume-Uni pour un master en administration publique et politique publique, à l’université d’York. J’ai postulé pour une bourse et j’ai été sélectionnée ».

Les débuts. Au mois de mars, elle débarque à Madagascar. Maintenant, elle occupe un poste délicat qu’elle préfère taire. En 2017, elle rejoint « Teach Homeless Kids for Madagascar ». « Pendant mon long séjour en Angleterre, j’effectuais des recherches de financements pour le projet. Pour moi, ce n’est pas une passion, c’est une mission. Depuis toute petite, quand je passais sous le tunnel d’Ambohidahy je ne supportais pas de voir les mendiants dans cette situation, qu’il pleuve ou qu’il vente ». Depuis, Daniel, Bodo, Mikael, etc, l’appellent « Madame » ou « Maîtresse ».

« Le plus dur, c’est quand parfois ils et elles se confient. Qu’ils et elles ne peuvent pas assister à mes cours, parce que leurs parents exigent d’abord un versement », regrette-t-elle. Soit 3.000 ariary par jour, sinon, il n’y aura rien à manger à la maison et les petits se font remonter les bretelles. Ou pire, ils et elles reçoivent des baffes en bonne et due forme. Pourtant, Valimbavaka Raherimananjara reçoit d’eux des leçons de vie. « Ils sont très solidaires, par exemple, ils s’entraident pour compléter le versement de celui qui n’a pas son compte. Jamais, ces enfants n’ont montré un esprit de vengeance, ni envers leurs parents ni envers la société ».

Pour trouver une salle de cours, les bonnes sœurs aident la petite troupe. Sinon, elle s’installe dans des coins discrets, juste assez grands pour pouvoir enseigner. « Ces enfants sont délaissés par la politique de l’Etat, dans la politique du ministère de la Population, le combat contre la mendicité infantile n’est pas un sujet clair. Parce que ces enfants sont dans la rue, tous les jours, ils sont exposés à des risques, on ne sait pas ce qui peut leur arriver. Ils peuvent aussi être recrutés pour devenir des bandits ou appartenir à une association de malfaiteurs », les propos sont directs.

Terre à terre. Alors, la jeune femme est réaliste. « Il faut se rendre compte qu’ils ne sont pas là pour apprendre. Plutôt pour les soupes après les cours et l’affection que nous leur donnons. Je dis souvent aux bénévoles : s’ils et elles veulent vous tenir la main, ne les rejetez pas. Parce que c’est très important pour eux en terme de sentiment d’appartenance », ajoute-t-elle. Il le faut bien, parce que ces gamins des rues jugent avant tout la sincérité et la confiance. Donc, « tout cela, c’est un moyen pour les motiver à apprendre. Notre objectif, c’est aussi de leur inculquer une éducation civique ».

Valimbavaka Raherimananjara et un autre bénévole quittent leurs élèves après deux heures de cours. Après une heure, ou un peu plus, la concentration n’y est plus. « Quels sont les mots que vous ne savez pas encore écrire ?», demande la bénévole. « Chérie » répond d’un ton hilare le petit Mickael. Toute la petite bande s’esclaffe. Après, les « tompoko », les « eny tompoko », « izaho koa efa nahavita », « mba jereo hoe ito raha mety ramose/maitresse », « izaho mba atoroy kely azafady », pleuvent. Le ton de Valimbavaka Raherimananjara n’est jamais aux reproches ni aux remontrances. Samedi, après une semaine de rue, la petite troupe se retrouvera de nouveau à Mahamasina.

Maminirina Rado

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