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mardi, juillet 8, 2025
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Portrait : Victor Hugo sous les tropiques

Victor Hugo (1802 – 1885), un visage immuable du XIXème siècle français.

Défenseur des « Misérables », ceux que la société lâchait en pâture à la mendicité, l’indifférence, la famine et l’extrême vulnérabilité… Victor Hugo aurait été un chantre de la justice en ce XXIème siècle. Toutefois, c’est durant le XIXème siècle que cet « immortel » de la littérature française a vécu et a dédié à l’histoire son génie. 

Dans une France raciste, le XIXème siècle a particulièrement été prolifique dans ce domaine. Sans oublier que c’est le siècle de la « civilisation », justifiant ainsi la colonisation de l’Afrique. Voilà sans doute pourquoi le littéraire a aussi été idolâtré sous les cieux malgaches par des auteurs reconnus, dont le plus notoire est Dox, traduisant en vers « Les Misérables », en « Ireo fadiranovana ». Démontrant autant le génie du barbu français que le haut niveau langagier du poète malgache.

Né le 26 février 1802 à Besançon en France (une naissance au moment où le siècle a complètement lâché son dernier souffle), Victor Hugo a sûrement hérité de cette époque sa soif de justice et son humanisme qui sont, sans doute, ses principaux traits. Cependant, le sillage laissé par ces glorieuses décennies a beaucoup influencé le siècle à venir.

Dans la littérature malgache, Victor Hugo semblait être juché au firmament des monstres sacrés. Son entrée dans le milieu des écrivains et érudits malgaches s’est faite durant la colonisation. Introduit dans le programme scolaire, son nom était attaché à une forme d’influence occidentale légitime. Si en France il était une référence de la pensée nationale, voire européenne, logiquement, l’administration coloniale estimait qu’il en était ainsi d’un peuple sous son emprise.

Raciste . Sans oublier le courant du fangalana tahaka, ou recopiage, les littéraires malgaches avalaient tout cru tout ce qui leur venait de la mère patrie. Dans le domaine artistique, faisant probablement sourire de satisfaction la communauté des colons, l’acculturation était alors plus subtile. Elle générait même la considération de l’occupant, à la fois haï et craint mais vénéré.

Victor Hugo avait ainsi une ascendance à Madagascar et dans toute l’Afrique colonie francophone. Un astre brut, dont les engagements politiques reflétaient également le trouble d’un homme de son époque. Il a par exemple été exilé avant d’être rétabli. L’ambiguïté de sa position envers ce milieu lui a valu maintes reproches d’être à la fois de gauche et de droite. D’où sa réputation d’opportuniste. Tout cela, l’écrivain y répondait avec des œuvres littéraires monumentales.

Il a fallu attendre le XXIème siècle pour voir la face cachée de cet écrivain éminent. Des archives rappellent son racisme sans équivoque caché sous un masque de paternalisme. Son discours prononcé devant une association des « Amis des noirs », l’académicien français inhumé au panthéon de Paris en est une démonstration, frôlant la verve hitlérienne. « Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme, au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde… Allez peuple, emparez-vous de cette terre [l’Afrique]. Prenez-la. À qui ? À personne… ».

Un autre discours passerait mal actuellement, quand le sacré Victor rendait hommage à John Brown, un raciste de la même espèce. « […] La République française, cette initiatrice du monde, avait des nègres parmi ses représentants… ». Cependant, il estimait avec une forte conviction que les noirs et les blancs étaient frères. Le discours d’un schizophrène bipolaire ne saurait mieux convaincre.

Maminirina Rado

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