L’Exécutif fait face à plusieurs foyers de tension dont aucun n’est à minimiser. Qu’il s’agisse de la grève des greffiers qui bloque les tribunaux, ou de celle des personnels des Domaines et du Trésor public, c’est le fonctionnement régulier des pouvoirs publics qui se trouve compromis. Selon la Constitution, devant une telle situation, le président de la République peut en Conseil des Ministres, après avis des Présidents de l’Assemblée Nationale et de la Haute Cour Constitutionnelle, « proclamer, sur tout ou partie du territoire national, la situation d’exception, à savoir l’état d’urgence » qui lui confère à la fois des pouvoirs spéciaux et de légiférer par voie d’ordonnances dans un délai défini. Mais ira-t-il jusque- là ?
Pouvoirs spéciaux
Il n’y a pas de doute, la situation est dégradée. En effet, s’il faut ajouter aux foyers de tension accompagnés de revendications non satisfaites, le drame que vivent au quotidien pour survivre les dizaines de milliers de sinistrés qui ont tout perdu ou n’ont pu sauver qu’une partie de leurs biens à cause des pluies et des inondations, l’ambiance n’est plus à décrire, elle est dangereuse et explosive. Elle l’est d’autant plus qu’avec trois secteurs clés touchés par des manifestations, c’est au cœur de l’administration que les pouvoirs publics sont atteints. Une chose est sûre, réformes et alternance sont en marche mais sans qu’une communication mature au préalable ne les accompagne au point d’entraîner des réticences et de la méfiance dans les administrations et, partant, dans le public. Devant les réactions d’incompréhension, le pouvoir devrait accorder plus d’importance et plus d’efficacité à la gestion des messages pour que ses décisions atteignent leurs cibles sans rencontrer de levée de boucliers. Il faut croire que cette histoire de quarante milliards d’Ariary à soutirer au Trésor public est restée comme une arête dans la gorge des adeptes de la bonne gouvernance. Le ministre des Finances, auditeur de son état, a heureusement vite fait de rassurer le public et le personnel du Trésor que les procédures seront suivies scrupuleusement et qu’il ne saurait être question de se dérober à la bonne gouvernance. Il a justifié le remplacement du populaire DG du Trésor, Orlando Robimanana, par la normalité de l’alternance dans une logique d’amélioration. Néanmoins, la passation entre le DG sortant et entrant du Trésor public n’a pu se tenir hier qu’avec l’intervention des forces de l’ordre qui ont usé de lacrymogènes pour écarter le personnel contestataire. Le nouvel homme fort du Trésor, Pierre Jean Feno, est loin d’être un mauvais choix. Il possède l’expérience d’auditeur interne des finances et du Trésor en particulier et promet beaucoup pour l’avenir. Mais quoi qu’il en soit, l’Exécutif doit veiller à trouver des solutions appropriées dans les meilleurs délais à tous ces foyers de tension pour que le fonctionnement normal des pouvoirs publics revienne partout où il est bloqué. La balle est dans le camp du président de la République et du gouvernement.
Zo Rakotoseheno