
La guerre des bondillons n’est toujours pas finie. Cette fois, les producteurs de savon pointent du doigt la hausse du droit de douane sur les bondillons importés, pour expliquer l’augmentation des prix du savon sur le marché local.
Les bondillons locaux ne sont-ils pas compétitifs ? Les industries productrices de savon – qui importent ce produit qu’elles utilisent comme « matières premières » – soutiennent cette hypothèse en évoquant la hausse des prix du savon, depuis l’augmentation du droit de douane sur les bondillons. En effet, les bondillons locaux n’ont pas réussi à se substituer à ces matières importées, au même prix sur le marché des facteurs de production. A noter que le droit de douane sur ce produit est passé de 10% à 20%, suite à la requête du SIM (Syndicat des industries de Madagascar) et de l’Administration douanière. Le SIM a soutenu que les bondillons ne peuvent pas être considérés comme des matières premières, car ils disposent déjà de toutes les propriétés du produit fini qu’est le savon. Le motif avancé par la Douane concerne surtout la nécessité d’accroître les recettes de l’Etat. D’après les savonniers qui utilisent des bondillons importés, l’Administration publique devrait plutôt accroître les droits et taxes sur les produits de luxe, mais ne pas favoriser la hausse des prix des PPN (Produits de première nécessité), comme c’est le cas actuellement.
Pouvoir d’achat. Dans cette guerre interminable entre savonniers, les producteurs locaux soutiennent que les importateurs de bondillons peuvent très bien s’approvisionner sur le marché local. Une offre que ces derniers ont toujours déclinée, compte tenu de la différence des coûts et de l’insuffisance de l’offre. « Nous savons très bien que le pouvoir d’achat des consommateurs est très faible, à cause de la crise liée à la Covid-19 et aux catastrophes qui ont frappé le pays. L’Etat intervient sur les autres PPN comme le riz pour que la majorité puisse bénéficier de produits à prix accessible. Il devrait également favoriser le maintien, voire la baisse des prix du savon, car il s’agit de PPN », nous ont confié les industriels qui misent sur les bondillons importés. D’après leurs dires, aucune solution n’est encore en vue pour maintenir les prix du savon, suite à cette hausse du droit de douane. « Les producteurs locaux de bondillons, eux aussi, n’ont pas la solution car non seulement leurs prix sont élevés, mais leur capacité de production est très faible pour satisfaire la demande exprimée sur le marché. En outre, lorsque nous étions obligés d’augmenter nos prix à cause de cette hausse de droit de douane, ces producteurs locaux ont profité pour augmenter leurs prix de vente, alors qu’ils ne sont pas concernés par cette mesure », ont-ils ajouté. Certes, il s’agit d’un bras de fer entre deux catégories d’industriels qui défendent chacun leurs intérêts. Les consommateurs se trouvent au beau milieu du champ de bataille et sont les premières victimes.
Antsa R.