
Il est professeur en pathologie des abeilles et en faune sauvage, à l’université d’Antananarivo. Le Pr Jonah Ratsimbazafy tire la sonnette d’alarme en adressant un message à la ministre de l’Environnement et du Développement durable. « De prime abord, il existe une liste de virus qui se transmettent entre l’homme et les primates non humains, entre autres, les gorilles, les singes et les lémuriens. Le coronavirus en fait malheureusement partie », commence-t-il dans sa lettre. La tuberculose et le VIH/sida sont les plus connus, et ont déjà fait des victimes parmi les primates. « Il y a sept ans passés, bon nombre de lémuriens ont péri à la suite de ces virus », a fait savoir l’expert en faune sauvage. Actuellement, ce qui le préoccupe le plus, et qui le motive à alerter le ministère de tutelle, c’est le récent passage d’un touriste italien potentiellement porteur du coronavirus au parc privé de Vakona, à Andasibe. « Nous savons très bien que les touristes y viennent pour être en contact direct avec les primates. En recevant des bananes, les lémuriens du parc n’hésitent pas à approcher les humains. De ce fait et avec ces contacts, il y a de fortes chances que les primates deviennent des porteurs sains », craint-il. Avant de continuer que la seule manière de le confirmer est le test médical. Ces derniers peuvent transmettre le virus non seulement à leurs congénères du parc, mais aussi à d’autres qui y seront installés plus tard. « A ma connaissance, il y a six espèces de lémuriens au parc de Vakona, et trois d’entre elles entrent souvent en contact avec les touristes. Nous avons des primatologues qui peuvent être mobilisés pour endormir les lémuriens avant que les membres de l’Institut Pasteur puissent faire d’éventuels prélèvements pour les tests », propose le Pr Jonah Ratsimbazafy. Il lance l’alerte pour briser d’éventuelles rumeurs dont les conséquences pourraient êtres désastreuses pour les primates. « Comme ce fut le cas dans certains pays d’Afrique, où les gens pensaient que c’étaient les primates qui étaient à l’origine de nombreux virus. Ils ont donc brûlé la forêt dans laquelle vivaient ces espèces. Non, nous ne voulons pas que cela se produise dans notre pays qui vit en grande partie du tourisme » estime-t-il. Il invite notamment la ministre de l’Environnement à suivre sa vision pour prévenir la disparition des lémuriens du parc de Vakona et, par la suite, à lancer une communication pour briser les éventuelles rumeurs au niveau des organismes internationaux, dont International Primatological Society.
D.R