
Le projet de centrale de 105 MW destinée au Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA) entre dans une phase décisive. À Toamasina, le premier convoi d’équipements a quitté le port hier à l’aube, pour transporter le premier bloc moteur vers Antananarivo.
Après presque deux années d’attente, les lourdes pièces pour le projet 105 MW sont enfin transportées, depuis le port de Toamasina vers Ambohimanambola. L’envoi du premier convoi a été décidé à la suite d’une réunion technique de calage tenue en fin de semaine au ministère de l’Économie et des Finances, avec les parties prenantes (ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, ministère des Travaux publics, ministère des Transports et de la Météorologie, TriguEnergy). Huit poids lourds – semi-remorques et porte-chars – transportent 14 colis de cette première vague : cinq « engine oil sumps », huit « engine fixing rails » et un bloc moteur de 74 tonnes. D’autres convois suivront pour acheminer l’ensemble des matériels lourds comprenant 7 alternateurs d’environ 64 tonnes chacun et 3 transformateurs de 50 tonnes, qui complètent les 7 blocs moteurs de 70 tonnes arrivés début 2024.
Ponts renforcés. La RN2 concentre les enjeux. Selon le ministère des Travaux publics (MTP), 13 ponts ont dû être renforcés afin de sécuriser le passage de ces charges exceptionnelles. Des mesures de circulation et d’information, diffusées sur les canaux officiels, sont en vigueur pour limiter l’impact sur le trafic. Cette logistique explique en grande partie le calendrier étiré du projet, dont la montée en puissance était attendue depuis 2024 ; les derniers alternateurs n’ayant atteint Toamasina qu’en juin 2025.
Cause de retard
Contrairement à une idée répandue, la Jirama et le Ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures (MEH) ne pilotent pas l’acheminement. Cette mission relève du MTP, du Ministère des Transports et de la Météorologie (MTM) et de l’opérateur LocaMat, tandis que TriguEnergy assurera l’installation sur site à Ambohimanambola. Une fois les équipements arrivés à Ambohimanambola, près de deux mois seront nécessaires aux équipes de TriguEnergy pour poser et raccorder ces modules géants. Sur le plan système, la mise en service de la centrale doit soulager le déficit du RIA et réduire les délestages dans une zone qui irrigue Antananarivo, Moramanga, Ambatolampy, Antsirabe et la région Itasy. Des points de vigilance demeurent néanmoins, selon les techniciens : l’approvisionnement en fioul lourd – combustible de ces groupes – et le renforcement d’un réseau de distribution déjà saturé. Le coût élevé du thermique continue par ailleurs d’être critiqué par des employés de la Jirama. À ce stade, la réussite du projet repose sur un enchaînement sans faux pas : logistique lourde, travaux d’infrastructure, installation industrielle, puis montée en charge coordonnée pour livrer, enfin, des gains tangibles au réseau de la capitale.
Antsa R.