Le président Hery Rajaonarimampianina est en quête d’un PM rassembleur sur le plan national et crédible aux yeux de la communauté internationale.
Jules Etienne, Kolo Roger, Horace Constant, José Vianey, Haja Resampa. Ce sont les 5 noms les plus cités pour devenir le Premier ministre de la Quatrième République, même si jusqu’à la date d’hier, rien n’a été décidé. Comme par hasard, ces 5 premiers ministrables (la liste n’est pas exhaustive) sont issus des quatre coins du pays. Kolo Roger vient du Menabe ; Jules Etienne de l’Atsimo Atsinanana ; Horace Constant de la SAVA ; José Vianey de l’Analanjirofo ; et Haja Resampa de la même région que le premier. C’est à l’image des régions où le candidat de « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » avait enregistré ses meilleurs scores au soir du 20 décembre dernier.
Diaspora. En tout cas, le président Hery Rajaonarimampianina n’a pas encore fait son choix entre ce « 5 majeur » qui a chacun ses forces et ses faiblesses, quoique ce soit ce second critère qui lui permet de procéder par élimination. Ainsi, outre le fait qu’ils sont tous les deux des métis sans que cela soit pour autant un vice rédhibitoire, Kolo Roger et Jules Etienne connaissent moins les réalités, notamment celles du pays profond, car ils appartiennent l’un et l’autre à la diaspora malgache en Europe. Et ce, même si les deux médecins qu’ils sont également, ont des remèdes pour panser les blessures et fractures provoquées par 5 ans de crise.
Canada. Expert-comptable et formé au Canada comme le président Hery Rajaonarimampianina, Horace Constant est également plus ou moins coupé de la Grande Ile, quand bien même l’ambassade malgache à Montréal dont il est le locataire depuis plus de 10 ans, constituerait, selon le principe de l’extraterritorialité, une portion du pays. Pour sa part, José Vianey, ancien Représentant permanent de Madagascar auprès de l’UNESCO et ex-exilé 2002, a eu l’avantage de rentrer en 2009 au pays où il avait participé activement aux différentes négociations aussi bien à Tana que dans plusieurs capitales africaines. Son passif aux yeux de l’expert-comptable dont la gouvernance est basée sur la réconciliation nationale, pourrait être son passé de fédéraliste pour ne pas dire d’activiste en 1991, quoique l’ancien leader de l’UDM devenu RAM, s’est assagi avec le temps.
Candidat unique. Quant à Haja Resampa, il serait finalement le candidat unique du Mapar au poste de PM puisque Andry Rajoelina aurait abdiqué en sa faveur lors d’une réunion qui s’est tenue avant-hier soir. Et qui s’est poursuivie hier au siège d’Injet ou de Viva (c’est du pareil au même) sis dans l’enceinte de Tana Water Front où l’initiative risque de tomber à l’eau car le nouveau locataire d’Ambohitsorohitra n’est pas du genre à déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul. Il serait réticent à nommer l’ancien SGP qu’il avait remercié lors de son premier conseil des ministres.
Convention. C’est dire que rien n’est joué pour la course à la Primature dont l’issue sera connue à partir du mardi 18 février, date prévue pour la session spéciale de la nouvelle Assemblée nationale. Laquelle procédera d’abord à la constitution de son bureau et à la formation des commissions, avant de présenter le nom du Premier ministre. Les négociations et tractations vont s’intensifier durant le week-end. Notamment à l’hôtel le Hintsy à Ambohimanambola où des acteurs politiques mijotent une convention de soutien à Hery Rajaonarimampianina, tout en se penchant sur la clé de répartition des postes au sein du bureau permanent de la nouvelle Chambre basse et dans le futur gouvernement. Et ce, pour contrebalancer le Mapar qui veut se tailler la part du lion, en comptant placer Haja Resampa à la tête du gouvernement et Christine Razanamahasoa au perchoir de l’Assemblée nationale. Ce qui ne ferait pas l’unanimité au sein même du Mapar à cause des agissements de ces deux anciens barons de la HAT qui avaient fait parler d’eux à Ambohitsorohitra pour l’un et à Faravohitra pour l’autre.
Guerre d’ego. Une autre plate-forme manœuvre également dans la perspective de la nomination du Premier ministre. Ce « comité politique » composé entre autres de Pierrot Rajaonarivelo, de Paul Rabary, de Voninahitsy Jean Eugène et de Benjamina Ramanantsoa s’est efforcé de convaincre Hery Rajaonarimampianina pour qu’il « convoque » Andry Rajoelina. Une tentative qui n’a pas abouti jusqu’ici, compte tenu de la guerre d’ego entre les deux hommes. « Ce n’est pas à moi de l’appeler », dit l’un. « C’est à lui de négocier avec moi », soutient l’autre.
HCC. De son côté, la HCC donne l’impression de donner le temps au temps, en décidant hier de suspendre son audience hier, pour la poursuivre lundi matin. Saisie par le président du CST, le juge constitutionnel émettra avant le mardi 18 février son avis sur l’interprétation de l’article 54 alinéa 1er de la Constitution qui dispose que « le Président de la République nomme le Premier ministre présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale ». La question qui divise la classe politique est de savoir s’il s’agit d’une majorité relative ou d’une majorité absolue, à moins que la HCC ne juge que l’une et l’autre sont acceptables.
R. O