Une mission de contrôle des ressources forestières a été menée par la brigade de patrouille mixte pendant 15 jours dans la partie Est de Madagascar.Cette brigade mixte est composée notamment de responsables de la direction régionale du ministère de l’Environnement et du Développement Durable à Atsinanana et des éléments de la Gendarmerie ainsi que de l’équipe de Conservation International (CI). Les patrouilleurs issus des communautés locales de base y sont également inclus. Ils se sont ainsi introduits dans la commune rurale de Sahambala, en passant par la commune rurale de Satrandroy-Fito jusqu’à la commune d’Antenina dans la partie Est de la Grande île. À l’issue de cette mission de contrôle, ils ont constaté de fortes pressions liées aux activités anthropiques qui pèsent sur les ressources forestières dans le Corridor Ankeniheny-Zahamena. À titre d’illustration, les cultures sur brûlis des forêts ou le « Tavy » sont en recrudescence à l’intérieur de cette zone protégée. Les terrains sont ensuite aménagés pour la plantation de cannabis et la riziculture.
Réseau bien organisé. Selon une source auprès de la Conservation Internationale, près de 100 kg de drogue sous forme de feuilles séchées et des champs de cultures de cannabis ont été découverts tandis que six personnes dont deux femmes ont été appréhendées tout récemment par l’équipe de la brigade de patrouille mixte. Celle-ci a plutôt constaté plus d’une vingtaine de parcelles de cultures de riz et de cannabis suite au défrichement de la forêt. Les champs de cultures de cannabis se trouvent entre les parcelles des rizières et chaque parcelle mesure entre 0,5ha et 2 ha, d’après les évaluations des patrouilleurs. La production rizicole est destinée à l’autoconsommation tandis que les récoltes de cannabis sechées et bien préparées sont prévuées être acheminées à Toamasina en vue d’une commercialisation sur le marché noir grâce à un réseau bien organisé, a-t-on appris. Il faut savoir que la découverte des cultures de cannabis dans les Aires Protégées, n’est pas une grande première dans la partie Est de Madagascar. Mais cette fois-ci, la pratique est en nette recrudescence, selon les explications des patrouilleurs, puisqu’ils ont saisi l’année dernière des feuilles séchées de cannabis qui ont été cachées et pressées dans un matelas.
Lémuriens tués. Par ailleurs, des exploitations illicites de bois de palissandre et d’autres bois d’œuvre ainsi que des exploitations minières illégales ont également été constatées par l’équipe de la brigade de patrouille mixte, lors de cette mission de contrôle. En revanche, c’est la première fois que les infracteurs ont tué des lémuriens pour leur consommation dans le Corridor Ankeniheny-Zahamena. Une femme a même été prise en flagrant délit en train de préparer le repas à base de viande de lémurien. Il est à noter que l’équipe qui diligente la mission de contrôle de l’usage des ressources naturelles en vue de la préservation de la forêt, est toujours confrontée aux différents problèmes. Certains patrouilleurs n’osent pas dénoncer les infracteurs par peur des représailles tandis que d’autres les informent vite avant l’arrivée de la brigade mixte étant donné que ces derniers sont des membres de leurs familles, a-t-on avancé. Face à cette situation, les communautés locales interpellent l’Etat à prendre des mesures drastiques tout en appliquant une réelle volonté politique pour mieux conserver la biodiversité. En effet, les infracteurs n’ont apparemment plus peur des autorités compétentes en pratiquant ces activités illicites, et ce, au détriment des ressources forestières, ont-elles conclu.
Navalona R.