Le discours qui sera prononcé demain à Iavoloha par le président de la République serait décisif sur le sort de l’actuel gouvernement.
Le suspense serait levé dans moins de 48 heures. En effet, si le président de la République Hery Rajaonarimampianina n’a pas répondu à sa propre question le 17 décembre 2015 lors de la présentation des résultats du IRR2 (Initiatives pour les Résultats Rapides) du gouvernement Ravelonarivo, la cérémonie de présentation de vœux qui aura lieu demain à Iavoloha serait une occasion pour lui de dire la « vérité ». Et ce en répondant à la question : « Est-ce le même gouvernement, avec les mêmes membres, qui s’attaquera à la troisième série du IRR qui sera toujours financé par la BAD à hauteur de 300 000 dollars? » Indépendamment des chiffres avancés sur la performance du gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de la méthode IRR, le remaniement se trouve au centre des discussions depuis quelques mois. Dans la classe politique, ce remaniement est plus que jamais d’actualité après les Sénatoriales du 29 décembre 2015. Des analystes politiques estiment qu’un changement du gouvernement s’impose après l’élection des nouveaux sénateurs et que ce changement de gouvernement devrait tenir compte de la nouvelle donne politique en place. Pour certains observateurs, le président de la République n’a pas droit à ignorer la question dans son discours de demain. Discours qui sera précédé de celui du Doyen du Corps diplomatique et ceux des autres chefs d’Institution dont le premier ministre Jean Ravelonarivo qui pourrait présenter le bilan 2015 de son gouvernement.
Performance à deux vitesses. Pour la majorité des Malgaches, elle n’aspire qu’à une vie meilleure et au redressement économique et social de Madagascar. Ce qui n’est pas encore le cas actuellement malgré les efforts réalisés par certains départements ministériels. Certains ministères ont failli à leur mission. La situation dans laquelle se trouve AIR Madagascar et la JIRAMA, deux sociétés d’Etat qui ont fait à l’époque la fierté de Madagascar, est la preuve des échecs de certains départements ministériels. La seule compagnie nationale aérienne de Madagascar est actuellement presque à genou. Air Madagascar est laminée par la concurrence nationale et internationale. Aucun sérieux plan de redressement de cette compagnie nationale n’a été jusqu’ici dévoilé par le département en charge des Transports. Du côté de la JIRAMA, c’est toujours la catastrophe. Le délestage continue de tuer les entreprises. Une situation qui compromet sérieusement les efforts visant à attirer les investisseurs étrangers à venir à Madagascar. Par ailleurs, l’insécurité et la corruption continuent de sévir. Quoi qu’il en soit, des réalisations ont été particulièrement félicitées. C’est la relance des activités de la SIRAMA, une société d’Etat qui n’a plus fonctionné depuis 2006, pour l’IRR1 et la création du village communautaire d’Andranofeno Sud pour l’IRR2.
Mot à dire. Bien que l’initiative de procéder ou non au remaniement ou au changement du gouvernement revienne au président de la République, le type de régime (semi-parlementaire) pour lequel Madagascar a opté lors du référendum constitutionnel de 2010 ne lui permet pas d’ignorer l’Assemblée nationale. Les députés ont également leur mot à dire sur tout changement du gouvernement. La consultation de la majorité au niveau de la Chambre Basse est impérative si le chef de l’Etat voudrait mettre en place un gouvernement plus stable. L’article 54 de la Constitution ne donne pas carte blanche au président de la République dans la nomination du premier ministre. A noter que si le gouvernement Ravelonarivo est encore là, c’est parce qu’il a bénéficié du soutien de la majorité à l’Assemblée nationale. L’actuelle équipe gouvernementale a échappé de justesse à une motion de censure orchestrée par les députés du Mapar et du MMM. En tout cas, les regards seront braqués demain au Palais d’Etat d’Iavoloha. L’attente prendrait fin pour ceux qui s’impatientent de savoir s’il y aura ou non remaniement après la proclamation des résultats officiels des Sénatoriales.
R. Eugène