L’avenir politique de ces politiciens qui ont connu tous les régimes reste incertain.
« Il n’y aura pas de report de l’élection présidentielle ». C’est ce qu’a déclaré hier le président du Sénat Rivo Rakotovao. Les Malgaches se rendront donc aux urnes l’année prochaine, conformément à ce qui est prévu par la Constitution. Quoiqu’il en soit, l’on sait que les enjeux de cette élection sont énormes aussi bien pour les différentes forces politiques que pour les acteurs politiques. C’est pourquoi à un an du coup d’envoi de cette échéance électorale, les manœuvres dilatoires et les coups bas battent déjà leur plein. En effet, cette élection sera déterminante particulièrement pour les spécialistes du retournement de veste qui ont trahi leur famille politique au profit du « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara ». En 2013, Hery Rajaonarimampianina, le candidat du MAPAR était encore novice en politique et ne disposait pas de structure politique de base. C’est pourquoi il a tendu la main à tous les acteurs politiques ou apolitiques venant de tous les horizons, y compris ceux qui l’insultaient auparavant. Désormais, il est fort du soutien de son propre parti qu’est le « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara ». L’actuel homme fort du pays pourrait laisser de côté ces politiciens de tous les régimes. Nul n’ignore que ces politiciens caméléons sont aussi capables de trahir le HVM le moment venu, comme ce fut le cas lors du vote de la motion de déchéance initiée par les députés en 2015 où seuls les fidèles collaborateurs de Hery Rajaonarimampianina, en l’occurrence, Claudine Razaimamonjy et Rivo Rakotovao se sont présentés à l’Assemblée nationale pour prendre sa défense.
« Kravaty Manga ». Parmi ces politiciens dont l’avenir politique est incertain figure entre autres, l’actuel ministre de la Fonction publique, Maharante Jean de Dieu qui, initialement était un des leaders du parti AREMA. Il était Gouverneur de la Province autonome de Toliara durant la deuxième République. Coordonnateur national du « Miaraka Amin’i Prezida Andry Rajoelina » et élu député sous les couleurs de ce parti politique en 2014, il a choisi le « kravaty manga » depuis le début du premier quinquennat du président Hery Rajaonarimampianina. Même parcours politique pour Ndahimananjara Johanita, un autre membre du gouvernement actuel qui a également été ministre sous la Transition et député MAPAR avant de rejoindre le camp HVM. Au départ, elle était partisane du parti « Asa Vita no Ifampitsarana » (AVI). D’ailleurs, lors de la Transition de 1996 après la chute du régime Zafy Albert, elle a été nommée ministre par Norbert Lala Ratsirahonana. Toto Raharimalala Lydia, l’actuelle ministre l’Enseignement technique a également été membre du parti Leader Fanilo, puis ministre durant la Transition d’Andry Rajoelina. Depuis sa nomination au sein du gouvernement, elle est inféodée HVM. Et ce, même si comme l’actuel ministre de la Culture, Jean Jacques Rabenirina, elle était aussi au devant de la scène lors du vote de la motion de déchéance contre Hery Rajaonarimampianina.
Motion de déchéance. Pour revenir à Jean Jacques Rabenirina, il était ministre du Tourisme, puis ministre de l’Education nationale sous le régime Ravalomanana. Avant sa nomination au gouvernement, il a été député de Betioky Sud, élu sous les couleurs du « Malagasy Miara-Miainga » de Hajo Andrianainarivelo. Un des instigateurs de la fameuse motion de déchéance contre le Chef de l’Etat en 2015, il était particulièrement connu comme étant très critique envers le régime Rajaonarimampianina lorsqu’il était encore à Tsimbazaza. Pour sa part, Harry Laurent Rahajason, l’actuel Porte-parole du gouvernement, était Vice-président du MAPAR en charge de la Province de Mahajanga. Il était l’un des hommes fort de la Transition en tant que bras droit de l’ancien président Andry Rajoelina qui l’a d’ailleurs nommé Directeur de la Communication de la Présidence de la République, puis ministre de la Communication. Ancien Secrétaire général du parti MTS, le ministre Benjamina Ramanantsoa a connu plusieurs départements ministériels depuis la période transitoire. Il était membre de l’association para-politique « Antso » et candidat d’ouverture du parti AREMA lors des législatives de la deuxième République. Il a également été président du Conseil populaire du Farintany d’Antananarivo du temps de l’Amiral Didier Ratsiraka. Depuis qu’il a quitté le MTS, Benjamina Ramanantsoa ne cache plus son appartenance au « Kravaty Manga ».
Parlementaires. Harison Randriarimanana, l’actuel ministre de l’Agriculture pour sa part, est connu comme étant un des anciens hommes de confiance et proche collaborateur de Marc Ravalomanana qui l’a d’ailleurs nommé ministre. Même parcours pour Bary Rafatrolaza qui, au départ était député de Kandreho élu sous les couleurs de l’AVI. Ayant rejoint le camp du « Tiako i Madagasikara », il a été nommé Consul de Madagascar au Cap par Marc Ravalomanana. Durant la deuxième République, la ministre des Finances et du Budget Vonintsalama Andriambololona, réputée être un vrai technicien, était proche de Tantely Andrianarivo en tant que Directeur général du Trésor. Evincée de son poste en 2002 par Marc Ravalomanana, elle a été nommée Secrétaire général du Ministère des Finances et du Budget par Andry Rajoelina de 2009 à 2015. Plusieurs parlementaires figurent aussi dans la longue liste des spécialistes du retournement de veste. L’on peut citer entre autres, le Vice-président du Sénat Riana Andriamandavy VII qui était président des Jeunes TIM avant de rallier le clan HVM. Durant la période de résolution de la crise 2009, il a trahi le clan Ravalomanana pour adhérer au gouvernement en tant que ministre du Tourisme. Du côté de l’Assemblée nationale, les députés Benja Urbain Andriantsizehena, Nicolas Randrianasolo, Milavonjy Philobert et Raherisoa Vololona Victorine sont entre autres, connus pour avoir quitté leur parti politique d’origine au profit du HVM.
Persona non grata. Quitte ou double donc en 2018 pour les spécialistes du retournement de veste. Si Hery Rajaonarimampianina n’est pas réélu, c’est sûr à 100% qu’ils vont devoir quitter le pouvoir car même si le processus de réconciliation nationale dirigé actuellement par le Conseil du Fampihavanana Malagasy abouti au résultat escompté, ils ne regagneront plus la confiance de leurs anciens compagnons de lutte. Ils risqueront même d’être persona non grata au sein de leur famille politique d’origine. Même si le porte fanion du « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » obtient un second mandat, il n’y a aucune certitude sur leur maintien au poste. Vu la situation politique actuelle, Hery Rajaonarimampianina pourrait servir de l’échec de son premier mandat pour mettre en place une équipe plus efficace et soigner ainsi son image vis-à-vis de la population.
Davis R