Alors que les préparatifs des élections avancent à grand pas au niveau de la commission électorale, elle n’inspire pas, pourtant, confiance au niveau de la classe politique.
L’actuelle mouture de la commission électorale ne fait pas l’unanimité au niveau de la classe politique. À plusieurs mois des échéances, des voix se font entendre pour contester cet organisme en charge de la gestion des élections. Sa composition est de plus en plus visée par les critiques et son indépendance est redoutée. En effet, « l’autonomisation de la Commission électorale nationale indépendante » est une condition pour garantir des « élections libres et justes », soutient Zazah Ramandimbiarison. Pour cet ancien ministre, cette « autonomie » n’est pas toujours acquise. Il défend « la mise en œuvre de réformes » qui devraient pallier à ce manquement. Et ces « réformes » devraient être, toujours selon Zazah Ramandimbiarison, « législatives et constitutionnelles » qui ne sont pas, d’ailleurs, « mises en œuvre entièrement » estime-t-il.
Climat de suspicion
Le pari d’une élection incontestable et incontestée semble s’éloigner pour les membres de la commission, qui, pourtant, ont défendu à tout bout de champ les vertus de leurs démarches actuelles. Aussi, la commission peine à convaincre avec une formation très vulnérable aux reproches. La présence de certaines personnalités au sein de la commission électorale a suscité des réactions auprès de certains observateurs. « La nomination de Dama Andrianarisedo Retaf Arsène à la tête de la CENI, le 19 novembre 2021, a créé un climat de suspicion qui met en danger l’image de la CENI du fait de sa proximité apparente avec le Gouvernement, étant l’époux de la ministre du Travail, de l’Emploi, de la Fonction publique et des Lois sociales » ont soulevé les observateurs de l’Union européenne qui ont sorti, en juin 2022, un rapport d’évaluation du processus électoral malgache. Le rapport a accablé la commission électorale. « Bien que respectant les prescriptions légales sur la désignation du président de la CENI, cette nomination ne contribue pas à renforcer l’image d’indépendance de la CENI auprès des différents acteurs du processus électoral », lit-on dans ce document.
Révision
« Les autorités politiques et publiques actuelles ne veulent pas montrer une réelle volonté politique de réaliser une élection intègre », soutient Zazah Ramandimbiarison. Un discours qui rejoint celui des opposants. « Une élection libre, juste et transparente » est fortement redoutée par l’opposition. « Nous n’accordons aucun crédit à cette commission électorale », a toujours martelé Marc Ravalomanana durant ces tournées politiques. « Elle devrait être remaniée pour garantir une élection incontestable », poursuit-il. L’ancien président sollicite alors une révision de la mouture de la commission électorale avant de réaliser le scrutin. Le parti Hery vaovao ho an’i Madagasikara, quant à lui, met la barre plus haut et demande une révision des cadres légaux de l’élection. Ces opposants réclament tous un « dialogue » et une « concertation » pour « remettre à plat les conditionnalités » avant l’entame des échéances électorales. « Les prochaines élections ne seront jamais libres et justes tant que le contexte politique favorise l’exclusivité et rejette un vrai dialogue national en vue de la préparation des prochaines élections présidentielles », estime Zazah Ramandimbiarison.
Rija R.