Les rues grondent. D’Algérie au Chili et Bolivie, en passant par l’Irak et l’Iran, les manifestations pour les moins populaires sont devenues un lot quotidien de plusieurs capitales du monde, parfois même au risque de leur vie.
Logique donc si on parle aujourd’hui d’une mondialisation des révoltes qui font quotidiennement la Une des journaux et des TV.
Seuls les motifs diffèrent d’un pays à l’autre. De la hausse du prix de l’essence à l’exigence d’un remaniement justifié par des échecs radicaux des dirigeants au pouvoir, on passe à toutes les sauces. Et avec plus ou moins de réussite comme le départ non volontaire du Premier ministre libanais Hariri.
Priorités et priorités.
Sous la pression de la rue, le président bolivien Evo Morales est parti s’exiler au Mexique où il livre une bataille perdue d’avance car la présidente intérimaire a réussi à avoir l’onction des grandes puissances mondiales.
Bref, les motifs pour peu qu’ils retrouvent une explication, parviennent à renverser un pouvoir en place au nom de cette démocratie décriée sur les toits.
Et pour parler de notre Tana-Masoandro, les faits s’expliquent si la grogne n’arrive pas à franchir les limites d’Ambohitrimanjaka.
Car au-delà des gesticulations des manipulateurs, les propriétaires, les vrais, négocient leur cas auprès du guichet unique des contrats peut-être pas mirobolants mais qui s’inscrivent dans la durée et rapportent plus que les récoltes qu’ils espèrent tirer des rizières chaque année.
La pilule, pas toujours amère, est en train de passer au grand dam de ceux qui militent pour que le projet capote.
D’ailleurs, un projet de développement fait toujours grincer les dents lorsqu’il passe par des expropriations ,comme cela a été le cas lors de la construction des mégalopoles du monde entier, que ce soit pour la construction des bâtiments administratifs, les lignes des métros ou tout simplement les rues. On ne pense pas que la construction de la fameuse route 66 des Américains qui passe de Chicago à Los Angeles s’était faite dans la douceur à travers sept états. Cette « Mother Road » a aussi dû connaître son lot de protestations mais au final, tous les Américains en sont aujourd’hui fiers.
Ce sera aussi le cas dans deux ou trois ans quand la nouvelle ville d’Ambohitrimanjaka prend forme.
Un mal nécessaire, ne serait-ce que pour désengorger le grand Tana. La seule explication plausible pour ne pas aller à Tampoketsa ou Morombe. Mais de cela, on n’en parle que peu ou prou. Préférant parfois mettre en avant le fait que les Malgaches ne vendent pas la terre de leurs ancêtres. Un concept qui devait faire son temps à l’heure où il y a d’autres priorités pour aller de l’avant.
Clément RABARY