
Médecins, infirmiers et autres personnels paramédicaux, se battent depuis maintenant 13 mois contre un ennemi invisible mais ô combien coriace qu’est le coronavirus. Le variant sud-africain ne leur facilite pas la tâche. Comme ailleurs, nombreux sont, à Madagascar, les soignants déjà tombés au front.
Fatigués. Face à l’épidémie de Covid-19 qui en est à sa deuxième vague actuellement à Madagascar, les soignants se sentent à bout de force si l’on se réfère aux échos venant des centres de traitement où sont admis les cas modérés, et des hôpitaux où sont soignés les cas les plus graves. Ces sites de traitement ne désemplissent pas depuis des semaines. En contact direct et de façon répétée avec les malades de la Covid-19, les soignants risquent de contracter eux-mêmes la maladie, notamment quand il y a une faille au niveau de la protection. Nombreux sont les médecins qui ont déjà contracté le coronavirus dans le cadre de leur travail. Certains y ont laissé leur vie. La dernière en date est cette femme médecin en activité dans un grand hôpital public à Antananarivo, décédée, hier. A ce jour, une quarantaine de médecins sont morts de la Covid-19 depuis le début de l’épidémie, selon une association de médecins privés. Le syndicat des paramédicaux, de son côté, affirme que près de 60% des “paramed” ont déjà été contaminés dans le cadre de leur travail.
Sans doute les premiers à être au front, les personnels de santé sont durement éprouvés par la bataille livrée depuis maintenant plus d’un an contre le coronavirus, et depuis quelque temps, contre son variant sud-africain, le seul officiellement détecté sur le sol malgache jusqu’ici. Médecins, infirmiers et aides-soignants, radiologues et autres techniciens de l’imagerie, ambulanciers, ainsi que les bénévoles, etc…, sont tous concernés par la surcharge de travail, avec une pression accrue pour les médecins et les paramédicaux dans les CTC-19 et les hôpitaux. Si les gardes prolongées et les repas « sautés » font parfois partie de leurs quotidiens hors du contexte de crise sanitaire, leurs conditions de travail se retrouvent nettement plus rudes depuis le début de la pandémie. En sous-effectif, les médecins et les personnels paramédicaux enchaînent les heures, et chacun d’eux est chargé du travail de plusieurs personnes. D’où les renforts à travers les recrutements lancés dernièrement par le ministère de la Santé publique.
Le plus dur à gérer pour les soignants est le déficit observé au niveau des équipements de protection. “Certes, les EPI (équipements de protection individuelle) sont disponibles, mais ne sont pas en nombre suffisant par rapport aux besoins réels pour leur usage. Cela nous contraint parfois à nous retenir autant que possible d’aller aux toilettes afin d’économiser les EPI”, confie un jeune “paramed” affecté dans un hôpital d’Antananarivo, qui a souhaité garder l’anonymat. Son souhait est de pouvoir travailler en étant plus protégé qu’il ne se sent l’être actuellement, quand bien même le risque zéro n’existe pas.
Hanitra R.