
Le ministre de la Justice, Benjamin Alexis Rakotomandimby a effectué dans la matinée d’hier, une descente inopinée dans le premier établissement pénitentiaire du pays.
Transparence
Au nom de la transparence dans la conduite des affaires publiques, consacrée par le Préambule de la Constitution qui se trouve au sommet de la hiérarchie des normes, la presse audiovisuelle et écrite, a été autorisée à tendre les micros et à braquer les caméras tout au long de la visite où l’on a vu entre autres responsables, le Directeur de Cabinet du ministre ; la Procureure de la République (PR) près le Tribunal de Première Instance (TPI) d’Antananarivo ; la Directrice Générale de l’Administration Pénitentiaire (DGAP) et le Directeur Régional. Sans oublier le chef d’établissement – flanqué de son adjoint – qui a fait faire en quelque sorte, le tour du propriétaire à la délégation conduite par le ministre de tutelle et aux journalistes issus de différents organes.
Discrimination
Après un petit briefing indispensable par mesure de sécurité et par respect des droits des détenus, la délégation conduite par le ministre de tutelle et les journalistes issus de différents organes, ont entamé la visite de la prison répartie en plusieurs quartiers, tel qu’il est prévu par les textes. Dans la mesure du possible, les condamnés sont séparés des prévenus ; les majeurs des mineurs ; les hommes des femmes. En revanche, aucune disposition légale ou réglementaire ne prévoit de séparation entre le quartier des riches et celui des pauvres. Ou entre le quartier des « Avara-pianarana » et celui des « Tsy ampy solaitra ». « La loi est la même pour tous, qu’elle protège, qu’elle oblige ou qu’elle punisse ». Sans discrimination fondée sur le degré d’instruction, la fortune, l’origine, le sexe, la croyance religieuse ou l’opinion.
Prisonniers politiques
C’est en application de ce principe énoncé dans le Préambule de la Constitution que le ministre de la Justice, Benjamin Alexis Rakotomandimby a ordonné, il y a deux semaines de cela, la fermeture de « Maputo ». Un quartier réservé à l’origine aux détenus politiques comme l’indique le nom de la capitale du Mozambique où s’étaient tenues les négociations sur la crise politique de 2009. « Aujourd’hui, il n’y a plus de prisonniers politiques », a fait savoir hier, le Garde des Sceaux. Raison de plus pour fermer « Maputo » qui n’a plus sa raison d’être. A moins d’en faire, pourquoi pas, un quartier pour détenus âgés qui bénéficient d’ailleurs de faveurs particulières telles que les remises de peine accordées par le président de la République dans le cadre d’une mesure de grâce.
Suspicion de corruption
En attendant, le ministre a réitéré hier la fermeture de ce quartier qui fait l’objet de suspicions de corruption. Tout en perpétuant les différences de classes sociales jusque derrière les barreaux, au mépris de l’égalité de traitement des détenus à Antanimora. Avec d’un côté, la quarantaine de privilégiés de « Maputo » qui ont droit – au propre comme au figuré – à des sanitaires presque « manara-penitra » avec l’eau courante et l’électricité et des cellules pas comme les autres. Pas comme celles des 4 758 autres détenus qui ne peuvent jouer ensemble sur le terrain de basket et/ou de foot implantés dans l’enceinte de la prison, à cause de leur nombre. A tel point que la plupart du commun des prisonniers préfèrent jouer aux dominos, quitte à avaler le « double enina ». Ou faire des parties interminables de belote ou de rami, en attendant d’avoir un jour la carte de leur liberté en main. « Ry Rahalahy, ao fa kely sisa », est-il inscrit sur le mur d’une cellule. Ce qui signifie littéralement, « Frères, il ne reste plus grand-chose ». Sauf évidemment pour ceux qui ont de longues peines à exécuter.
R.O