Au Togo, où la parité du pouvoir d’achat se rapproche de celle de Madagascar, le litre d’essence « super sans plomb » est de 298F-CFA, soit environ 2880 Ariary.
Pendant que l’Etat et les pétroliers se rejettent la faute, les consommateurs sont victimes d’une hausse des prix qui tend à se généraliser. En effet, les compagnies pétrolières se plaignent de la révision à la hausse de la taxe sur les produits pétroliers (TPP) à 20%. Malgré leurs superprofits, ces multinationales refusent de céder le moindre Ariary de bénéfice. De l’autre côté, l’Etat s’appuie sur ces profits exagérés, pour soutenir le réajustement de la taxe. Finalement, ce sont les stations-service et les consommateurs qui paient les frais, d’après les explications de l’économiste Rado Ratobisaona. « Il est vrai que les profits des pétroliers sont énormes. Suivant le mode de calcul actuel, qui est pourtant très critiqué par les experts des institutions de Bretton Woods, les prix réels appliqués sont nettement supérieurs aux prix de référence. Pour l’essence, par exemple, le prix de référence indiqué par l’Office malgache des hydrocarbures (OMH) est de 3.320 Ariary par litre, alors que nous savons que les prix à la pompe frôleront bientôt les 4.000Ariary. Cette situation est favorisée par la situation d’oligopole, qui incite ces compagnies pétrolières à fixer ensemble des prix qui maximisent leurs profits », a-t-il expliqué.
Situation extrême. La dégringolade de l’Ariary par rapport à l’Euro et au Dollar, ainsi que la hausse de la demande de produits pétroliers par les pays du Nord – qui passent actuellement l’hiver – influe sur le cours du baril de pétrole. Pourtant, la suppresion des subventions sur les produits pétroliers, et l’alignement de la TPP à celles des autres pays d’Afrique, figurent parmi les conditionnalités de la Facilité élargie de Crédit (FEC) du Fonds monétaire international (FMI). Pour l’économiste Rado Ratobisaona, l’Etat devrait intervenir malgré la libéralisation du marché, lorsque les consommateurs commencent à être victimes de prix anormalement trop élevés, ce qui est le cas actuellement. De son côté, le gouvernement martèle la surévaluation des charges des pétroliers dans la structure de prix. Cette surévaluation a été découverte par des experts de la Banque mondiale… Une découverte qui est à l’origine de la longue négociation actuelle, où les pétroliers refusent toute réduction de leurs bénéfices.
Antsa R.